Aristote, "Des parties des animaux"

Résumé du document

Grâce à la technique, l'être humain s'est affranchi de la nature et a progressé dans de nombreux domaines notamment les sciences. Le développement technique apparaît donc intrinsèque au développement intellectuel de l'être. Dans ce passage Aristote réfute la thèse soutenue par Anaxagore dans le Protagoras de Platon, où ce dernier soutient que l'être doit son intelligence à la technique. En effet, Aristote affirme à l'inverse que l'intelligence de l'homme permettrait à celui-ci l'utilisation des techniques. Sans ses facultés, il serait impossible à l'être de devenir technicien. La confrontation de ces deux thèses renvoie au problème de savoir si l'intelligence est liée au geste technique, en d'autres termes s'il est possible de concevoir la précédence de la pratique sur la théorie. Nous examinerons dans un premier temps comment Aristote conçoit la relation entre la main et l'intelligence puis dans un deuxième, nous déterminerons comment Aristote pose la supériorité de l'homme sur l'animal (...)

Extraits

[...] Aristote se montre sceptique quant à la rationalité d'une telle affirmation et la disqualifie d'abord en révélant le caractère approximatif de cette thèse comme le suggère le verbe prétend . Aristote l'attribue à une erreur de logique, une inversion des causes et des effets. Aristote rectifie ce qu'il considère erroné et soutient la thèse que l'intelligence de l'homme lui permet d'avoir des mains sous entendu d'en faire bon usage. Tout comme Anaxagore il affirme la supériorité de l'homme sur l'animal mais l'explique d'une toute autre manière qu'il juge plus logique. [...]

[...] En effet, comment fonder une telle transposition? Les pattes conçues par rapport à des besoins et des moyens de défense adaptés au milieu naturel ne font-elles pas partie intégrante de l'être auquel elles appartiennent? La même remarque pourrait s'appliquer à la main en qualité d'outil. La main prolonge le corps mais ne s'en détache pas. Aristote associe la main à tous les attributs des animaux en insistant que la force de la main humaine réside dans le fait que celle-ci peut tout devenir: elle devient serre, griffe, corne, ou toute autre arme ou outil Les capacités de la main sont effectivement possible par sa constitution. [...]

[...] Non seulement les animaux possèdent des qualités fixes mais ils ne peuvent en changer affirme Aristote. Un pelage en effet se conserve même s'il n'est pas adapté à la température extérieure. En ce sens il peut être gênant. De même les moyens de défenses des animaux ne tiennent pas compte de la nature des attaques que ceux-ci subissent, des moyens de défense des adversaires. Encore une fois, ceci implique que la nature et la supériorité de l'animal a été déterminé par avance selon la volonté de la Nature. [...]

[...] Dans la phrase suivante, Aristote clarifie sa pensée en proposant une définition de l'intelligence. Le philosophe perçoit l'intelligence en termes de capacité à utiliser le plus grand nombre d'outils L'acquisition des techniques ne limite donc pas l'être mais au contraire lui ouvre un grand champ de possibilités étant donné que la main peut-être plurifonctionnelle. En effet, la main possède une grande dextérité et est capable d'accomplir un grand nombre de gestes. Aristote insiste ainsi sur l'utilité de la main et sa polyvalence afin de mettre en avant que la main se présente comme un outil sophistiqué et par conséquent une telle complexité nécessite des manipulations précises que seul un être supérieur peut effectuer. [...]

[...] L'intelligence ne se développe pas dans l'exploration des techniques, elle précède les techniques, en d'autres termes elle autorise le devenir technicien de l'être. Pour cette raison, la nature selon Aristote a doté l'être de l'outil le plus sophistiqué et le plus créatif, à savoir la main. La main qui peut tout devenir confère à l'être humain une place privilégiée au sein de la nature et le distingue des animaux qui doués de qualités unique dépendent uniquement de l'instinct et ne peuvent inventer et composer. [...]