Par-delà le bien et le mal, chapitre VII, Nietzsche, Nos vertus, bonne conscience européenne, action morale, philosophies morales
Image d'une culture et de valeurs en crise : Nietzsche parle de l'assombrissement et l'enlaidissement de l'Europe (§ 222), même de désespoir (§ 223) ; comparaison avec le passé, révèle l'émergence de nouvelles valeurs qui viennent contester la légitimité des précédentes, sans toutefois qu'elles perdent de leur influence ; annonce de changements plus profonds encore à venir (« Ah, si vous saviez comme cela changera vite, très vite désormais ! » §214).
[...] Exemple révélateur du rôle de l'amour-propre en morale, et de la facilité avec laquelle, sous le coup d'un aiguillon de l'amour-propre ou de l'instinct social, une conduite moralisante se renverse en malhonnêteté et déloyauté. Preuve de la mauvaise foi de la conscience morale ? Conclusion (à partir des 230 et 231). Ce n'est pas la cruauté, mais l'excessive sincérité qu'il faut remarquer et vanter en l'esprit, la sincérité des très libres penseurs qui sera peut-être un jour leur gloire posthume donc leur valeur ? [...]
[...] Ce n'est pas une reconnaissance de la qualité supérieure de ces êtres ni de leurs goûts, seulement l'expression d'un étonnement dont certains ont voulu faire une manifestation mystique, une aspiration à quelque chose de supraterrestre 220). D'où il faut aussi conclure que la qualification de désintéressée s'applique en fait à des actions qui ne sont pas inintéressantes : au contraire, elles sont intéressantes et même très intéressées puisqu'elles procèdent du goût exigeant de ces esprits supérieurs Nietzsche prend des exemples extrêmes 220), l'amour et l'esprit de sacrifice : - Et l'amour ? Quoi ! Même l'amour devrait agir sans égoïsme ? [...]
[...] La vie morale Les qualités morales. 219 montre comment les esprits bornés se vengent des esprits supérieurs en leur appliquant jugements et condamnations morales. Or on pourrait leur objecter, selon Nietzsche, qu'une intellectualité supérieure est sans commune mesure avec les qualités morales communes, avec les honnêtes et respectables vertus d'un homme qui n'a pour lui que sa moralité Nietzsche refuse pourtant subtilement d'adopter cette position (qui, dit-il, ferait enrager les honnêtes gens, ceux qui condamnent les esprits supérieurs) et soutient immédiatement le contraire : une intellectualité supérieure n'est rien d'autre que l'expression suprême des qualités morales elle est une synthèse de toutes les qualités attribuées à l'homme rien que moral synthèse qui s'opère lorsque ces qualités ont été acquises une à une, par une longue discipline et une longue pratique, peut-être au cours de générations innombrables ; l'intellectualité supérieure est la quintessence de la justice et de cette bienveillante sévérité chargée de maintenir l'ordre hiérarchique dans le monde parmi les choses et entre les hommes. [...]
[...] - C'est aussi par le moyen de ces jugements que les esprits bornés acquièrent une certaine finesse, la finesse de la cruauté 219). - C'est enfin par ce moyen qu'ils tentent de rétablir une inégalité naturelle entre ces esprits mieux doués et eux-mêmes ; pour cela, ils militent pour l'égalité devant Dieu ce qui suppose qu'ils croient en Dieu. D'où leur acharnement à lutter contre l'athéisme. ( Le jugement moral n'a pas forcément les bonnes intentions qu'on lui prête. Lui aussi relève peut-être de la mauvaise foi et de la malhonnêteté de l'esprit. [...]
[...] Ils sont en particulier utiles dans la mesure où ils empêchent que trop de monde ne réfléchisse à la morale, ce qu'il faut éviter, selon Nietzsche. Réfléchir à la morale n'est jamais considéré comme une action dangereuse, déroutante, séduisante À propos de l'utilitarisme, dont Nietzsche souligne l'ennui et la pesanteur, il considère que c'est une philosophie qui finit toujours par donner raison à la moralité anglaise, qui a en visée le bonheur de l'Angleterre : ils aimeraient se prouver à toutes forces que l'aspiration au bonheur anglais, c'est-à-dire au confort et à la fashion (avec au bout un siège au Parlement) est aussi le vrai chemin de la vertu IV. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture