Dans ce texte extrait de l'ouvrage intitulé Par-delà le bien et le mal, Nietzsche, philosophe allemand du XIXème siècle, décrit la "vocation" et le "projet fondamental" du philosophe.
Ce texte se rapporte donc à la nature du travail philosophique. Quant au problème qu'il soulève, c'est celui de savoir si la philosophie représente un regard neutre et objectif sur son temps (...)
[...] Nietzsche nous introduit ici dans son temps, qui est aussi, sous bien des aspects, le nôtre, et cette introduction se fait sur un ton sarcastique : on remarque, en effet, les guillemets qui entourent l'expression idées modernes et qui traduisent manifestement une certaine ironie et une certaine condescendance à propos de la valeur de ces idées. Ainsi, le mathématicien ne connaît qu'une parcelle du savoir mathématique, le physicien un atome de la physique. Ce qui était vrai déjà à la fin du XIXème siècle l'est plus encore de nos jours. [...]
[...] ] En présence d'un monde d'« idées modernes qui voudrait confiner chacun de nous dans son coin et dans sa spécialité le philosophe, s'il en était encore de nos jours, se sentirait contraint de faire consister la grandeur de l'homme et la notion même de la grandeur dans l'étendue et la diversité des facultés, dans la totalité, qui réunit des traits multiples ; il déterminerait même la valeur et le rang d'un chacun d'après l'ampleur qu'il saurait donner à sa responsabilité. Aujourd'hui la vertu et le goût du jour affaiblissent et diluent le vouloir, rien n'est plus à la mode que la débilité du vouloir.» (Nietzsche, Par delà le bien et le mal, Commentaire Dans ce texte extrait de l'ouvrage intitulé Par-delà le bien et le mal, Nietzsche, philosophe allemand du XIXème siècle, décrit la "vocation" et le "projet fondamental" du philosophe. Ce texte se rapporte donc à la nature du travail philosophique. [...]
[...] Voici d'ailleurs qui nous rappelle un personnage pourtant souvent critiqué par Nietzsche : Socrate. Car Socrate garde toute sa grandeur et Nietzsche, dans de nombreux passages, sut évoquer cette grandeur. Oui, Socrate prit un malin plaisir à dégonfler les illusions de la cité athénienne. Avec lui, la sécurité trompeuse des fausses évidences du présent s'effondre. Socrate dévoile la médiocrité de l'idéal du jour. En contradiction avec le présent, il met ce dernier à distance et c'est pour cette raison qu'il a trouvé la mort. [...]
[...] D'ailleurs, on remarque que Nietzsche annonce aussi le drame contemporain de la connaissance, coupée d'elle-même et de toute intention directrice, pulvérisée en autant de parcelles. Or, le fragmentaire signifie l'anti- culture, alors que la culture désigne l'unité reconquise : la maîtrise vraie du savoir. La culture, c'est avant tout l'unité. La barbarie, c'est le chaos, le désordre, la perte du sens de l'unité. Ces lignes ont aussi le mérite de souligner tous les symptômes de décadence du vouloir de notre temps. Qu'est-ce qui est mauvais ? [...]
[...] Nietzsche souligne le caractère dur, difficile, terrible de cette tâche. Une tâche qui, d'ailleurs, s'impose au philosophe, puisqu'elle est "involontaire, inéluctable" : aurait-il d'autres desseins, que la nature même de la philosophie le ramènerait à cet état de folie destructrice. Les relations du philosophe avec la cité se situent sous le signe des difficultés et du malaise. Le philosophe doit être la "mauvaise conscience" de son époque, l'incarnation du malaise, la saisie douloureuse du "négatif" d'un temps. Le terme de "mauvaise conscience" ici ne désigne pas une conscience accomplissant mal son office, mais une conscience (au sens moral) affectant douloureusement, d'un sentiment de malaise moral. [...]
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