Le texte soumis à notre étude est extrait de l'œuvre Le neveu de Rameau, que Diderot rédige en 1792. Il présente dans son ouvrage une conversation philosophique imaginaire entre « moi » un philosophe qui ne se confond toutefois pas exactement avec Diderot et « lui », le neveu du célèbre compositeur Jean Philippe Rameau. Tout au long de leur discours à bâtons rompus, les deux hommes évoquent parfois avec ironie les personnalités de l'époque, mais également des grands thèmes en adéquation avec le courant des Lumières. Aussi, lorsqu'ils abordent la question de l'argent et plus précisément le rapport entre fortune et bonheur dans le passage que nous étudions, « Moi » se livre à un véritable plaidoyer en vue de dissocier félicité et richesse.
[...] De plus, Moi dénonce la vision qu'ils ont du bonheur : le plaisir est toujours une affaire pour eux ligne 93 en apporte la preuve. Ainsi, le philosophe cherche à discréditer leur bonheur, à montrer qu'il a beaucoup moins de valeur que pourrait avoir tout autre acte gratuit que la richesse ne permet pas de s'acheter, de s'offrir un bonheur qui soit absolu. D'autre part, le locuteur évoque le comportement des personnes fortunées afin de dénoncer la monotonie de leur plaisir engendrée par leur richesse que le philosophe nomme d'ailleurs comme une abondance accablante lignes 97 -98. [...]
[...] Enfin, il est à noter que pour appuyer sa thèse Moi use de redondances, puisqu'à la fin de sa tirade il rappelle qu'il est impossible d'être malheureux à l'abri de belles actions telles que celles- ci ligne 129 -130. Ainsi, nous voyons que selon Moi il est beaucoup plus facile d'accéder au bonheur en côtoyant la misère c'est-à-dire en aidant les plus pauvres par exemple qu'en évoluant au sein même de l'abondance. Toutefois, le personnage Moi ne se contente pas seulement de défendre la valeur des plaisirs simples pour prouver que le bonheur n'est pas inhérent à la fortune ; en effet, il se livre également à l'abjection des personnes nanties et à la désacralisation de la richesse de manière générale. [...]
[...] Tout au long de ce passage, nous pouvons donc remarquer que Moi s'adonne à l'expression de son opinion selon laquelle bonheur et fortune ne sont pas indissociables puisque les plaisirs les meilleurs sont ceux qui n'ont pas de prix, tels que les actes d'altruisme. En outre, il discrédite les contentements réservés à la classe la plus aisée de la société en montrant du doigt leur superficialité. Ce thème de la richesse et de son étroit lieu avec le bonheur est d'ailleurs repris par Jean de la Fontaine dans la fable Le savetier et le financier dont la morale bien qu'implicite met en avant le fait que l'argent ne contribue pas au bonheur. [...]
[...] Par ailleurs la thématique du bonheur moral qui n'a des conséquences que sur l'être et non des impacts purement matériels, est reprise par Alain dans son oeuvre Propos sur le bonheur dans lequel il décrit plusieurs situations qui engendrent le bonheur de l'âme. [...]
[...] De plus, Moi cherche à mettre en avant la place prépondérante qu'a le bonheur par rapport à la richesse comme le prouve je connais telle action que je voudrais avoir faite pou tout ce que je possède lignes 110 -111. Ainsi, nous pouvons constater que Moi prône l'épicurisme et cherche à montrer que chacun riche ou non peut s'offrir des moments de plaisir, car ce n'est pas forcément les plus chers qui procurent le plus de contentement. D'autre part, le philosophe met en lumière à plusieurs reprises l'aspect bénéfique des actes de charité. [...]
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