Dans la Métaphysique des moeurs, Emmanuel Kant projette et accomplit la fondation d'une morale sur le critère formel de l'universalité des maximes présidant aux actes moraux.
Toutefois, la vérification de la validité universelle d'une maxime s'y effectue au niveau du sujet individuel, sur un mode monologique qui limite la réflexion morale au test de réversibilité de la maxime. La morale, pourtant, ne se limite pas strictement à la question de la validité de ses maximes. Ces dernières ont une existence sociale, et leur validité ne suffit pas de fait à les imposer dans cet espace. Il semble alors y avoir un paradoxe : l'universalité réelle de la maxime n'entre pas en compte dans sa validation, mais toute intrusion de l'expérience dans ce processus l'exposerait à la contingence.
[...] Toutefois, il ne s'agit pas d'abolir le critère d'universalité, mais de trouver un moyen de le transposer en tant que principe matériel. Pour ce faire, Habermas commence par s'interroger sur ce qui pose problème dans sa restriction à un cadre formel, étant entendu que l'on s'est posé comme finalité de donner à la norme une valeur sociale . Le problème fondamental d'un discours normatif qui étendrait descendre depuis l'universalité abstraite pour prescrire et commander aux actes et aux comportements concrets est double : d'abord, comme l'a souligné Habermas, il ne prend pas en compte les conditions concrètes d'établissement d'une norme en ne pensant pas la transition entre l'abstrait et le concret, l'universel et le particulier ; ensuite, lorsqu'il essaye de le faire, il procède à contresens en tentant de faire abstraction de toute les variations particulières et de tous les intérêts individuels qui président à l'adoption de comportements respectueux de la norme. [...]
[...] Toutefois, la vérification de la validité universelle d'une maxime s'y effectue au niveau du sujet individuel, sur un mode monologique qui limite la réflexion morale au test de réversibilité de la maxime. La morale, pourtant, ne se limite pas strictement à la question de la validité de ses maximes. Ces dernières ont une existence sociale, et leur validité ne suffit pas de fait à les imposer dans cet espace. Il semble alors y avoir un paradoxe : l'universalité réelle de la maxime n'entre pas en compte dans sa validation, mais toute intrusion de l'expérience dans ce processus l'exposerait à la contingence. [...]
[...] Cette interaction devra n'exclure a priori -en droit, personne, même si c'est le cas en fait (de la même que l'induction procède de l'agrégation d'un maximum d'observations, et qu'une loi scientifique, une fois établie, est encore ouverte à la réfutation empirique). On peut véritablement parler d'une éthique de la discussion, au sens où la validité de la norme morale ne s'établit qu'à l'occasion de la discussion. Toutefois, comment s'assurer que tous les intérêts aient été pris en compte pour ne pas tomber dans l'aporie d'une universalité invérifiable ? [...]
[...] L'induction constitue en effet un principe-passerelle nécessaire entre les observations singulières et les hypothèses universelles : il permet de créer une norme par inférence probable, sans pour autant exclure la possibilité d'une réfutation empirique. Ce principe reste toutefois obscur dans le cadre de l'établissement social d'une norme morale. Si l'induction constitue le moyen scientifique formel d'établir une norme à partir de l'expérience, quel est le principe équivalent dans le domaine éthique ? S'il est fondé en sciences, comment le fonder en morale ? L'induction d'emblée la possibilité de fonder individuellement et monologiquement une norme morale, c'est-à-dire d'en vérifier abstraitement l'universalité. [...]
[...] Dans l'extrait de Morale et communication présenté ici, Jürgen Habermas propose de reformuler la maxime kantienne afin d'y intégrer un autrui concret comme condition de possibilité de sa moralité, c'est-à-dire ici de son universalité. Nous étudierons dans un premier temps la perspective d'Habermas, qui étend la notion de sujet moral à sa dimension sociale, l'amenant à sociologiser la norme morale pour montrer que la perspective formaliste kantienne ne permet pas de penser les conditions d'effectivité des normes morales. Nous nous pencherons dans un deuxième moment la moyen qu'il propose pour dépasser ce problème et transposer l'universalité en termes matériels. [...]
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