Dans le sens commun, la philosophie est rattachée à des notions multiples. Ainsi, ceux que l'on nomme « philosophes » ont élaboré une doctrine particulière, fruit de leur réflexion ; ils sont souvent associés à une certaine idée de sagesse, de raison. De même, lorsque l'on « subit un revers avec philosophie », l'on fait preuve d'une grande sagesse, acquise avec l'expérience des difficultés ; enfin, l'on pourra dire d'une personne qu'elle a adopté une « philosophie de vie », c'est-à-dire une vision particulière du monde et de son rapport avec lui. Dans tous les cas, l'exercice philosophique tend à la recherche d'un sens à sa propre existence et à celle du monde.
Néanmoins, l'on peut penser qu'un tel projet, qui touche à la difficile question du rapport de l'homme avec le monde, soit réservé à un nombre restreint de personnes ; d'où la présence nécessaire de conditions préalables à la naissance de l'esprit philosophique. Sur quelles conditions repose donc la mise en marche de l'esprit philosophique ?
[...] La philosophie semblant être le propre de l'homme, Schopenhauer va d'abord définir l'homme par rapport aux autres animaux et déceler les différences fondamentales qui le séparent de l'état de nature. En réalité, ce qui différencie l'homme, c'est sa faculté à penser, à réfléchir, à raisonner. Ainsi, apparaît avec la conscience une première réflexion L'homme est un animal métaphysique Il est capable de raisonner par lui même, d'organiser les choses de manière cohérente et réfléchie. De cette capacité de réflexion découle l'étonnement. Schopenhauer va alors pouvoir définir l'étonnement comme l'une des conditions préalables et nécessaires à l'exercice de l'esprit philosophique. [...]
[...] Ils sont conscients de leur finitude et de ce qui les sépare de l'état originel de la nature pour s'étonner devant tout ce qu'ils voient. C'est devant cet étonnement, les interrogations qu'il suscite, que les philosophes vont alors chercher à raisonner, organiser et présenter les choses de manière cohérente et réfléchie pour ensuite tenter de répondre à l'angoisse du monde en recherchant un sens à l'existence. Ainsi, les problèmes existentiels et métaphysiques auxquels le philosophe se trouve confronté l'ont souvent associé à l'image de la sagesse. [...]
[...] Pourtant, selon Schpenhauer, ces deux conditions demeurent insuffisantes, elles dépendant encore d'autre chose . D'après lui il s'agit de la conscience de sa finitude. Il faut en effet la connaissance des choses de la mort et de la vie, la considération de la douleur et de la misère pour que naisse réellement la philosophie, et c'est même ce qui lui donne sa plus forte impulsion Sans une certaine capacité de lucidité, de discernement de la vie, une conscience et une connaissance des nombreux maux qui peuvent frapper une vie, sources d'interrogations, de craintes, d'inquiétudes . [...]
[...] En cela, ils s'opposent radicalement à l'esprit philosophique. En effet, le philosophe, lui, ne vit pas ou plus dans cette immédiateté. Il s'est au contraire détaché de la nature, car lui est conscient des multiples différences qui le séparent du monde animal. Il a le «sentiment de cette dualité Autrement dit, il distingue bien deux entités distinctes, entre lui et le monde qui l'entoure. Cela vient de ce que son intellect est supérieur à celui du reste des hommes ; un degré supérieur d'intelligence Cette capacité va lui permettre de se distinguer des autres hommes, car lui va se montrer capable d'esprit critique, d'examen rationnel, cohérent, réfléchi. [...]
[...] Les questions existentielles que vise la philosophie, tout homme se les est déjà posées au moins une fois dans sa vie, car c'est l'ensemble de l'humanité qu'elles préoccupent. De même, suivant certains adages fondateurs de la philosophie - Sucrate : je sais que je ne sais rien - comment pourrait-on juger de la justesse toute relative des réponses que chacun propose à ces questions ? Certes, il est vrai que les philosophes devraient être ceux que l'on écoute avec le plus d'attention, car il semble tout de même être le plus à même d'apporter des explications rationnelles et réfléchies, fruits de raisonnements particulièrement poussés. [...]
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