Dans l'ouvrage qu'ils signent en commun, Le Monde a-t-il un sens ?, aux éditions Fayard, Jean-Marie Pelt et Pierre Rabhi analysent l'évolution de l'univers et du monde depuis le Big Bang jusqu'à la création de notre planète. La thèse qu'ils développent dans ce livre est celle de l'associativité : on passe ainsi des quarks aux atomes, aux molécules, aux nuages de poussière, aux étoiles et aux galaxies, puis à la vie et à la conscience. À chacune des étapes successives, l'association et la coopération sont à l'œuvre bien plus sûrement que la compétition.
[...] La société actuelle, mondialisée et interconnectée, apparaît d'une complexité inouïe. Sitôt franchi le pas de l'esprit les sociétés humaines se diversifient à l'infini dans une formidable ethnodiversité. C'est la route vers le point Oméga ce que McLuhan appellerait plus tard le Village planétaire Ce serait l'ultime étape d'application du principe d'associativité. Un puissant mouvement collectif nous emporte. Mais le grand large effraie et le stade de l'État-nation peine à être dépassé. Rêve d'unité, mais souci d'affirmer sa différence. C'est le challenge de l'Europe. [...]
[...] Aucune théorie physique ne permet d'expliquer pourquoi ces constantes ont la valeur qu'elles ont plutôt qu'une autre. Il aurait suffi que la densité initiale de l'univers soit un peu plus élevée pour qu'il s'effondre sur lui- même par gravité dans un Big Crunch en l'espace d'un million d'années, laps de temps beaucoup trop court pour que soit parcourue toute la pyramide de la complexité. Au point où nous en sommes, nous pouvons choisir une société d'intense compétition aboutissant à une catastrophe nucléaire ou un cataclysme écologique sans précédent. [...]
[...] À la publicité de flatter ces deux instincts, principe de plaisir et mimétisme, maîtres mots du libéralisme. Après la chute de l'empire soviétique, Francis Fukuyama a cru pouvoir annoncer la fin de l'histoire l'émergence d'une société mondiale entièrement fondée sur un libéralisme intégral et sur la recherche éperdue, par tous et pour tous, du maximum de plaisir. Mais une telle quête met en compétition des individus que les ressources limitées n'autorisent pas à acquérir les biens auxquels ils aspirent. D'où les frustrations que l'on sait, les conflits qui menacent, à précarité de la paix. [...]
[...] Le prix Nobel de physique Steven Weinberg écrit : Plus on comprend l'univers, plus il nous apparaît vide de sens. Pascal s'avouait effrayé par le silence éternel des espaces infinis Ce à quoi Claudel répondait, trois siècles plus tard : Le silence éternel des espaces infinis ne m'effraie plus. Je m'y promène avec une confiance familière. Nous n'habitons pas un coin perdu d'un désert farouche et impraticable. Tout dans le monde nous est fraternel et familier. Pour qui s'interroge sur cette question du sens, le principe anthropique est éclairant. [...]
[...] Y mettrons-nous moins de matérialisme, d'économisme, plus d'engagement dans la sauvegarde de la planète, plus d'amour pour irriguer l'humanité ? Y parviendrons- nous ? S'associer est aimer. III. La question du sens Cette vision qui est la nôtre est-elle compatible avec les acquis du darwinisme ? La réponse est affirmative. Si l'associativité est, de par sa nature, créatrice de nouveautés, celles-ci sont soumises au tri de la sélection naturelle au même titre que les variations dont on parlait à l'époque de Darwin. L'associativité crée, la sélection trie. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture