La modernité de la raison, depuis la fin des années 1960 et surtout depuis 1989, s'installe dans une partie de plus en plus vaste du monde. Partout on veut plus de liberté, jusqu'au caprice. En Occident et ailleurs, cette forme se pense sans projet d'avenir. C'est un désir de jouissance libre de chaque instant, sans contrainte, sans contrat, sans préoccupation des autres ni des générations futures.
[...] Le contemporain est le neuf pour le neuf, sans aucun sens, ni celui de l'accélération des savoirs, ni celui de l'amélioration du bien-être, ni celui d'une plus grande richesse. La juxtaposition des instants donne l'illusion de l'éternité. Le contemporain rejoint les aspirations de l'enfance, qui n'a pas encore pris conscience de la nécessité d'avoir un projet de vie. La modernité contemporaine s'oriente vers les loisirs de plus jeunes : télévision, jeux vidéo, réseaux sociaux. On y perd son temps, on y perd sa capacité de concentration. [...]
[...] La modernité contemporaine transforme les enfants en adultes et métamorphose les adultes en enfants. Elle satisfait leurs caprices, ne leur impose plus de règles, flatte leurs désirs : un monde de droits sans devoirs. Les adultes en viennent comme les enfants à espérer la venue d'un sauveur de manière manichéenne. Dans ce monde, seul vaut ce qui est source d'un plaisir instantané, capricieux. Le seul bien rare est le temps passé avec l'autre. Le temps du spectacle vivant prime, celui du défilé, du concert et le spectacle de l'information, donné par les médias ; et sa forme la plus marchande : la publicité. [...]
[...] En même temps qu'elle se diffuse, la mode se dévalorise. De moins en moins de gens pensent qu'il est à la mode d'être à la mode. Chacun s'invente un style propre, sans cesse changeant. Le contemporain renvoie à l'individu libre, narcissique et solitaire. Les avant-gardes sont de plus en plus éphémères. Elles ont toutes en commun le relativisme, le mélange, la parodie, le kitsch et l'usage des symboles de la société enfantine. En art, l'œuvre à la mode ne peut qu'être contemporaine, dépassée dès qu'elle est montrée. [...]
[...] On en arrive à valoriser des objets ou des pratiques dépourvues de qualités artistiques spécifiques que la seule installation dans l'institution rend objet d'art, à qui l'on tente, souvent en vain, de donner une permanence. En période troublée, les concepts bégayent. Ils ne disent plus rien de précis. En France, l'art contemporain est institutionnalisé. Les pays émergents explosent aussi de créativité : Chine, Russie, Brésil. Mais l'art contemporain est souvent critiqué, surtout en France où l'anti-modernisme est chronique depuis le début du XXe siècle. 2014. [...]
[...] La modernité contemporaine à partir des années 1960 Jacques Attali, Histoire de la modernité D'après Jacques Attali, Histoire de la modernité, éditions Robert Laffont La modernité de la raison, depuis la fin des années 1960 et surtout depuis 1989, s'installe dans une partie de plus en plus vaste du monde. Partout on veut plus de liberté, jusqu'au caprice. En Occident et ailleurs, cette forme se pense sans projet d'avenir. C'est un désir de jouissance libre de chaque instant, sans contrainte, sans contrat, sans préoccupation des autres ni des générations futures. [...]
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