Lorsqu'il est confronté à la multiplicité des événements qui composent l'histoire, l'esprit est tenté de déceler, pour en rendre compte, la présence sous-jacente d'une loi ou d'un grand principe régulateur. Pour Popper, la formulation d'une telle loi universelle ne respecte pas les exigences de la science. Toute loi, pour être scientifiquement admise, doit en effet être « testée» sur des phénomènes semblables à celui qu'elle prétend expliquer; or, si l'on admet que l'histoire est un processus « unique », un tel test est évidemment impossible. La loi ou le sens de l'histoire n'est dès lors qu'une hypothèse infalsifiable, plus métaphysique que scientifique.
[...] Un tel résultat n'est pas nécessairement rassurant, car il reste à concevoir, dans l'histoire, un mode d'action commun qui puisse garantir que les situations humaines n'aillent pas en empirant. En revanche, la responsabilité humaine est restaurée: c'est bien aux hommes qu'il appartient de décider de ce qu'ils veulent devenir c'est-à-dire de faire l'histoire, mais cette fois - contrairement à ce que disait Marx - en le sachant. [...]
[...] Du point de vue de Popper, toutes les lois formulées par les philosophies de l'histoire relèvent de la métaphysique, et non de la science. Tout au plus sont-elles typiques de pseudosciences, d'autant plus dangereuses pour l'esprit qu'elles prétendent rendre compte de tout ou du tout, et sont donc au sens propre totalitaires Dans cette optique, la science hégélienne ou le matérialisme dialectique s'affirmant de lui-même scientifique sont autant à rejeter que le providentialisme de Bossuet - au moins ce dernier s'affirme- t-il clairement d'origine théologique - et l'on peut se demander si Hegel ou Marx n'exigent pas, de qui prend au sérieux leur interprétation de l'histoire par une loi, un mode d'adhésion qui ressemble à la croyance religieuse. [...]
[...] KARL POPPER, Misère de l'historicisme [Introduction] Lorsqu'il est confronté à la multiplicité des événements qui composent l'histoire, l'esprit est tenté de déceler, pour en rendre compte, la présence sous-jacente d'une loi ou d'un grand principe régulateur. Pour Popper, la formulation d'une telle loi universelle ne respecte pas les exigences de la science. Toute loi, pour être scientifiquement admise, doit en effet être testée» sur des phénomènes semblables à celui qu'elle prétend expliquer; or, si l'on admet que l'histoire est un processus unique un tel test est évidemment impossible. La loi ou le sens de l'histoire n'est dès lors qu'une hypothèse infalsifiable, plus métaphysique que scientifique. - Le processus historique n'échappe pas aux lois locales [A. [...]
[...] Or, un tel test est impossible en histoire] Le processus historique concernant l'évolution de la vie ou de la société humaine est précisément unique: la répétition n'y intervient que de façon interne (c'est le vivant qui se répète, mais non la vie elle-même comme évolution), mais il n'existe globalement qu'une seule évolution de ta vie ou de la société. Dès lors, l'énoncé qui prétend en révéler la loi ne peut être testé, puisqu'il n'existe pas d'autre évolution semblable qui permettrait d'en vérifier la portée. La formulation d'une loi de l'histoire n'a donc rien de scientifique, ou de rationnel. [...]
[...] Karl Popper, Misère de l'historicisme Explication de texte L'évolution de la vie sur la terre, ou de la société humaine, est un processus historique unique. Un tel processus, nous pouvons le présumer, s'effectue en accord avec tous les genres de lois causales, par exemple les lois de la mécanique, de la chimie, de l'hérédité et de la ségrégation, de la sélection naturelle, etc. On ne peut cependant pas le décrire comme une loi, mais seulement comme un énoncé historique singulier Les lois universelles formulent des assertions relatives à un certain ordre invariant, [ . [...]
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