L'État est souvent perçu comme un acteur politique puissant, grâce notamment à sa cohérence politique et administrative qui lui permet de structurer les multiples composantes de la société. Cette vision, qui masque des réalités très diverses selon les époques et les pays, paraît tout au moins caractériser l'État français dont le rôle historique est considérable, tant il a su s'imposer progressivement comme l'acteur capable d'imposer une vision d'ensemble à ses administrés, ainsi que l'avait déjà souligné Tocqueville dans L'Ancien Régime et la Révolution. D'État-gendarme chargé d'assurer la sécurité des citoyens, l'État français s'est fait Providence avant de devenir récemment, selon les mots de Jacques Donzelot et Philippe Estèbe, un État animateur.
Or, cette emprise de l'État suscite depuis longtemps interrogations et critiques, notamment sur les risques de l'extension de son rôle pour les libertés et les initiatives individuelles, comme sur l'évaluation critique de son action économique et administrative. La lecture de l'oeuvre de Michel Crozier, sociologue des organisations, revêt alors un intérêt particulier pour analyser les raisons d'un dysfonctionnement perceptible qui concerne avant tout la conception du rapport de l'État à la société. Comme l'indique le nom de l'ouvrage dont est extrait le texte à commenter, État modeste, État moderne, il propose que la priorité de l'État soit sa propre modernisation, pour que les "technocrates", redevenus "modestes" adoptent une stratégie plus adaptée aux besoins de la société. L'extrait permet de préciser les arguments d'une évaluation critique des "institutions mégalomanes" coupables de ne pas servir ni écouter la société alors que, souligne l'auteur, "ce n'est jamais la société qui a tort". (...)
[...] Turgot, Malesherbes ou Necker, pour ne citer qu'eux, paraissent assez bien pouvoir 4 Dissertation de Culture générale : Commentaire de citation longue Michel Crozier, État modeste, État moderne. préfigurer ces dirigeants évoqués par l'auteur qui célèbrent le développement L'évidente critique de ce dernier prend dans notre modernité une autre dimension avec sa conception d'un État modeste Car s'il dénonce la mégalomanie des institutions, ce n'est pas pour s'attaquer à la légitimité même du pouvoir, comme pour dénoncer par exemple la permanence d'une attitude à la Louis XIV qui disait : L'État c'est moi L'immodestie de l'État actuel réside plutôt pour Michel Crozier dans sa prétention à vouloir toujours tout régir. [...]
[...] Il faut souligner d'emblée, comme le fait Michel Crozier qui considère l'État français et le système politico-administratif tout entier que l'histoire de l'État français s'inscrit dans une longue et progressive construction historique tant politique qu'administrative. Dans L'Ancien Régime et la Révolution, Tocqueville soulignait, parlant de la Révolution française, qu'elle avait juste développé le germe des choses principales Chez les Français, le pouvoir central s'était déjà emparé, plus qu'en aucun pays du monde, de l'administration locale Administrer, c'est pour l'État gérer les affaires qui concernent le pouvoir. [...]
[...] Lorsque l'auteur affirme : on ne commande pas la société Dissertation de Culture générale : Commentaire de citation longue Michel Crozier, État modeste, État moderne. on n'en ordonne pas les arrangements et les objectifs il semble surtout contribuer à relancer le débat récurrent sur la capacité problématique à réaliser en démocratie, et en France en particulier, un rapport satisfaisant avec la société civile. II. L'auteur contribue de fait à réexaminer la valeur de la démocratie mais aussi, il faut le souligner, les difficultés d'un réformisme social qui exige autant une réforme des individus que de leurs institutions. [...]
[...] Cette vision, qui masque des réalités très diverses selon les époques et les pays, paraît tout au moins caractériser l'État français dont le rôle historique est considérable, tant il a su s'imposer progressivement comme l'acteur capable d'imposer une vision d'ensemble à ses administrés, ainsi que l'avait déjà souligné Tocqueville dans L'Ancien Régime et la Révolution. D'État-gendarme chargé d'assurer la sécurité des citoyens, l'État Français s'est fait Providence avant de devenir récemment, selon les mots de Jacques Donzelot et Philippe Estèbe, un État animateur. [...]
[...] Commentaire de citation longue Michel Crozier, État modeste, État moderne Introduction I. Le texte révèle la thèse de Michel Crozier qui défend ici le besoin d'un effort de modernisation de l'État ; effort qui paraît sans doute nécessaire mais aussi ambitieux, tant il s'inscrit en rupture avec la tradition politique et administrative française. A. Michel Crozier estime tout d'abord que la suprématie du système politicoadministratif français n'est pas fondée. B. Il semble alors logique que les technocrates incarnent pour l'auteur cette évolution qu'il juge problématique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture