Ces lignes de Merleau-Ponty, extraites du Primat de la perception et ses conséquences philosophiques, condensent l'approche phénoménologique du problème d'autrui, considéré comme une création artificielle de la philosophie dualiste, et prend pour thèmes la communication avec autrui, ainsi que le primat de la perception (...)
[...] L'huis- clos amoureux nous reconduit à la distance ontologique de l'autre qui, loin d'instruire la misère de l'homme sans Dieu, nous voue au désir, à l'inquiétude, à la tendresse, à la quête de l'absolu, c'est-à-dire de la présence en tant que modalité de l'absence. Et l'on sait que Levinas, à la suite de Merleau-Ponty, fondera son éthique de l'altérité sur l'énigme irréductible de l'autre. Ce texte élabore donc la riche notion de lien qui n'est pas le plain- pied fusionnel et illusoire avec l'autre mais la construction de rapports inédits. [...]
[...] Au total, cette deuxième grande partie du texte conjure définitivement la tentation sceptique qu'un Pascal incarne dans sa représentation de l'amour. Son erreur ressortit essentiellement à un préjugé analytique concernant le phénomène perceptif : si la perception en soi n'est qu'une addition d'éléments épars, nous ne pouvons effectivement pas avoir accès à l'unité d'une personne, nous sommes condamnés à n'appréhender que des masques et des faux-semblants et l'amour, en sa prétention sublime à l'authenticité, ne fait que réitérer l'illusion universelle. [...]
[...] Peut-être le terme de " remède " qu'utilise l'auteur doit-il être envisagé en ce sens- là, de sorte que l'enjeu de ce texte consisterait en une réhabilitation de la morale humaniste ou altruiste contre toutes les formes nihilistes de " dé-symbolisation " des actions humaines. La première étape du texte nous conduit donc à une idée essentielle: la perception est bien le fondement de la moralité et, à ce titre, elle rend possible une communication, une réciprocité paradoxalement anonymes avec autrui où le corps occupe une position charnière. [...]
[...] La " solitude incommunicable " qu'évoque le texte renvoie à cette clôture du sujet sur lui-même, à cette déréliction ontologique thématisées par une certaine tradition philosophique (Pascal notamment) comme le prix à payer de la subjectivité et de la misère de l'homme sans Dieu. Or, par la perception justement, cette solitude proclamée, qui n'est autre qu'une déconstruction illusoire du rapport originaire à autrui, fait fond sur une visibilité anonyme, préréflexive, qui permet de nouer avec les autres consciences une communication. [...]
[...] Enfin, ce texte a le mérite de proposer une issue au scepticisme en fondant la morale sur la perception et en définissant l'intersubjectivité comme " intercorporéité N'y a-t-il pas là un paradoxe et une réduction, récurrente dans l'histoire de la philosophie, du problème moral ? Le texte se déploie en trois étapes principales. Dans la première De même que au scepticisme et au pessimisme l'auteur montre que la perception est au principe de la moralité et de la relation intersubjective. [...]
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