Descartes, Thomas Hobbes, dualisme cartésien, Méditations métaphysiques, Discours de la méthode, attribut, pensée, essence, métaphysique
La seconde objection de Hobbes ne devient alors qu'un prétexte pour Descartes, dans sa réponse et l'extrait qui nous intéresse, à affirmer de nouveau la distinction entre les substances pensantes et les substances corporelles. Dès lors, on peut se demander pourquoi cette distinction est si importante dans le cheminement opéré par les Méditations, sur lequel la réponse de Descartes constitue un retour, et de quelle manière elle jette les fondements d'une connaissance du monde, englobant la pensée et les manifestations corporelles, qui tire in fine le sujet pensant de son solipsisme initial.
Descartes réaffirme tout d'abord son projet de clarification, aux fondements duquel se trouve, indubitable le « je suis, j'existe », subordonné à un examen réflexif, qui impose d'opérer des distinctions entre les substances pensantes et les substances corporelles pour établir la possibilité d'un savoir véritable.
[...] Les actes corporels, Descartes les rapporte à la res extensa où substance corporelle, qui en est la somme et non ce qui la fonde. Changeants, ainsi que l'avait montré le morceau de cire à travers ses différents états, ils suggèrent les carences de la perception, et définissent, à ce titre, une substance qu'il est difficile d'appréhender, à la différence du cogito, de la certitude du sujet qui a conscience qu'il est pensant. Cette substance corporelle trouve dans l'étendue son attribut essentiel. [...]
[...] Ainsi, une fois la distinction opérée entre les deux, dans une volonté de précision et d'éclaircissement, Descartes peut s'attacher à y revenir, ce qu'il a fait dans la sixième Méditation pour réexaminer leur éventuelle parenté. La distinction que fait Descartes n'a ainsi pas pour but de disqualifier les substances corporelles, ou étendues, plus difficiles à appréhender, au profit de la chose qui pense et des modes de pensées qui s'y reconnaissent. Elle est une étape afin de poser les conditions préalables à une connaissance qui ne soit plus réduite celle du sujet pensant et de ses modes d'appréhension mais peut prendre à nouveau comme sujet d'étude, désormais débarrassé de ses préjugés et des faux-semblants de la perception, ce qui nous est procuré par les sens. [...]
[...] Il reste à se demander enfin si le dualisme cartésien entre véritablement en contradiction avec l'hypothèse matérialiste de Hobbes, ou si, au contraire, il ne s'y achemine pas en partie, non sans avoir tout d'abord établi son bien-fondé et son cadre épistémologique dans des vérités ontologiques qui, soucieuses de préserver un semblant de respectabilité vis-à-vis de la toute-puissante doctrine de l'Eglise de l'époque, n'en ont pas moins ouvert la voie à la science moderne. Descartes ne voit pas de contradiction fondamentale dans les objections que lui soumet Hobbes. Ainsi il est d'accord avec lui pour dire que la pensée présuppose un support, mais ce support n'est pas matériel. [...]
[...] Ce sont des actes qui n'ont besoin que de la pensée pour s'effectuer et sont donc proprement immatériels. Est-ce à dire qu'il n'y a aucun lien entre les substances corporelles et l'esprit alors que nous avons précédemment mis en évidence un fonctionnement similaire, lequel explique pourquoi Descartes leur attribue une dénomination commune, mais des modes opposés ? L'affirmation de Descartes selon laquelle « les actes intellectuels n'ont aucune affinité avec les actes corporels » ne constitue pas une dénégation par rapport à ce qu'il a pu avancer auparavant. [...]
[...] Méditations métaphysiques, Réponses aux Troisièmes objections - René Descartes (1641) - Le dualisme cartésien entre-t-il véritablement en contradiction avec l'hypothèse matérialiste de Hobbes ? Les Méditations métaphysiques ont pour ambition de poser les fondations d'un savoir indubitable. Pour ce faire, Descartes se livre à l'expérience radicale qui consiste à postuler qu'on ne puisse rien affirmer de certain. Puisqu'il ne saurait y avoir de connaissance dont on ne puisse douter, c'est ce doute lui-même qui constitue la certitude préalable à toute connaissance. [...]
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