Matière et mémoire, Henri Bergson, cerveau, mémoire pure, expérience vécue, souvenir, Traité des passions de l'âme, Descartes, corps, instances psychiques, processus physiques
Ainsi, comment matière et mémoire sont-ils liés ? D'un corps inscrit dans un espace et un temps quantifiable et mesurable, comment arrive-t-on à la mémoire pure qui se trouve dans les profondeurs du moi, loin des contingences du réel immédiat et présent, et qui échappe totalement à cet espace et à ce temps quantifiables ?
[...] Puis le volume s'évase vers le haut, s'éloignant de cet espace-temps mesurable, et c'est en haut de ce cône inversé qu'il est le plus vaste, et donc le plus riche en souvenirs. A la pointe du cône se trouve le cerveau, et l'intelligence de l'individu effectue des remontées vers la mémoire pure pour aller chercher des données mémorielles, puis redescend vers le cerveau, qui trie et sélectionne les données utiles, et efface celles qui ne le sont pas pour l'action immédiate. Car pour Bergson, le cerveau n'est pas un contenant : il ne contient pas la mémoire. [...]
[...] Par conséquent, si ni dans la perception, ni dans la mémoire le corps ne contribue directement à la représentation, alors il n'y contribue pas non plus dans ce que Bergson appelle les opérations supérieures de l'esprit Ces dernières n'ont pas de lien direct avec le corps : pour l'auteur, elles semblent être d'un autre ordre, car le corps n'est que l'instrument central de la vie pratique. Par conséquent, c'est un instrument simplificateur et limitatif. En posant cette conception préalable du corps et de sa fonction limitée, le philosophe établit bien une séparation entre le corps et l'esprit, puisque ce dernier semble être totalement détaché du premier : on a vu que même le cerveau ne créait pas directement les représentations. [...]
[...] Bergson ne se satisfait pas d'une telle solution et cherche, dans son livre Matière et mémoire, à renouveler ce questionnement et à traiter le dualisme matière- esprit sous un autre angle, celui de la matière et de la mémoire. Problématique : Ainsi, comment matière et mémoire sont-ils liés ? D'un corps inscrit dans un espace et un temps quantifiable et mesurable, comment arrive-t-on à la mémoire pure qui se trouve dans les profondeurs du moi, loin des contingences du réel immédiat et présent, et qui échappe totalement à cet espace et à ce temps quantifiables ? [...]
[...] Au contraire, c'est l'organe qui rend présents à la conscience certains souvenirs utiles à l'action, et qui relègue dans l'oubli d'autres souvenirs qui ne sont pas utiles. C'est l'organe de l'oubli et de la sélection, non de la mémoire. [...]
[...] Il est éloigné de toute corporéité et du temps des horloges, qui est le temps mesurable et mesuré en heures. C'est la strate la plus profonde de la conscience et la moins dépendante de la matière et du corps. Ainsi, on voit que ces deux plans sont de nature tellement différente qu'il semble impossible de les concilier : il semble à première vue n'y avoir aucune solution au problème de la dualité entre le corps et l'esprit, la matière et la mémoire Mais Bergson explique ensuite comment l'intelligence peut s'élever du plan de l'action vers le plan de la mémoire pure : un individu, en effet, peut accéder aux tréfonds de sa mémoire, graduellement. [...]
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