Comment faire admettre l'existence de représentations inconscientes ? La conscience dont un sujet se sent pourvu n'a-t-elle pas tendance à se présenter presque automatiquement comme complète ou omnisciente ? Et la notion même de représentation, parce qu'elle indique le mouvement d'une reprise, d'un redoublement, ne semble-t-elle pas, en quelque sorte par principe, devoir s'accompagner de conscience, cette dernière étant volontiers évoquée comme capacité à reprendre, au moins mentalement, l'existence d'un phénomène ?
Pour vaincre les hésitations de ce genre, Bergson recourt à l'expérience de chacun, et à une analyse du quotidien. Mais si l'on admet alors que nos perceptions du monde extérieur doivent en effet être d'une certaine manière "inconsciente", la représentation qu'un sujet a de lui-même paraît encore constituer un cas à part, pour lequel accepter une part d'inconscient demeure problématique.
[...] "Matière en mémoire", Bergson Comment faire admettre l'existence de représentations inconscientes? La conscience dont un sujet se sent pourvu n'a-t-elle pas tendance à se présenter presque automatiquement comme complète ou omnisciente? Et la notion même de représentation, parce qu'elle indique le mouvement d'une reprise, d'un redoublement, ne semble-t-elle pas, en quelque sorte par principe, devoir s'accompagner de conscience, cette dernière étant volontiers évoquée comme capacité à reprendre, au moins mentalement, l'existence d'un phénomène? Pour vaincre les hésitations de ce genre, Bergson recourt à l'expérience de chacun, et à une analyse du quotidien. [...]
[...] L'analyse de Bergson tend au contraire à montrer que les représentations inconscientes sont implicitement au service de la conscience, qu'elles semblent peu à même de brouiller. Aussi peut-il affirmer dès le début de sa démonstration que l'idée d'une représentation inconsciente est claire c'est que la conception qu'il en propose est simple, c'est pourquoi il peut finalement s'étonner qu'elle paraisse obscur lorsqu'on parle du sujet lui-même. Une telle simplicité est irrecevable pour le fondateur de la psychanalyse, et elle est due à une analyse qui fait du rapport entre la conscience et l'inconscient une possibilité de collaboration sans tension ni contradiction. [...]
[...] Un faux jugement, résultant d'une démarche intellectuelle mal fondée, mais apparemment fréquente, contredit l'usage constant et une conception en réalité familière au sens commun Ce dernier est en quelque sorte contradictoire: alors même qu'il admet sans difficulté une conception de l'inconscient dans la pratique, il ne peut l'accepter d'un point de vue plus théorique ce qui la gêne étant sans doute le rapprochement de deux concepts qui lui paraissent incompatibles. La représentation qui sous-entend en apparence la présence d'un objet perçu ou d'une image semble ne pouvoir s'effectuer en dehors de la conscience. L'expérience banale peut-elle détruire le préjugé? [...]
[...] On peut finalement constater que la conception que Bergson propose de l'inconscient n'en désigne que la dimension la plus aisément acceptable, c'est-à-dire ce qui deviendra le préconscient. Lorsque la notion d'inconscient trouvera, dans la théorie psychanalytique, une vigueur très différente, on devra en venir à penser qu'elle est encore plus obscure, dès lors qu'elle concerne l'intimité de chacun, que ce dont Bergson déplorait une obscurité fallacieuse, et dont il espérait au contraire faire reconnaître l'authentique clarté. [...]
[...] On devine que l'on pourrait encore élargir cette réalité: au- delà de la ville que l'on peut mentalement évoquer, il y a aussi l'espace de la campagne et du ciel, la terre dans son ensemble, et pourquoi pas l'univers? Or, ces aspects de la réalité, que nous pouvons au moins nommer et auxquels nous attribuons donc une existence alors même que nous ne les percevons pas, il faut bien que leurs images existent d'une certaine façon, et soient si l'on peut dire disponibles pour une possible perception. Cette disponibilité serait la qualité de l'inconscient tel que Bergson invite à le repérer. [...]
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