Explication d'un texte de Marcuse dans lequel celui-ci dénonce l'idéologie technicienne dominante, les dangers qu'elle recèle pour la liberté humaine. Il nous indique également en quoi elle est liée à la structure conceptuelle de la science moderne.
[...] Et l'élaboration est ou bien théorique (il s'agit des actes par lesquels la raison constitue le savoir scientifique, comme la théorie de la gravitation de Newton), ou bien pratique (il s'agit des actes par lesquels la raison élabore des techniques, comme les techniques de lancement de satellites). En tant qu'elle opère, la raison est une instance de calcul : elle calcule les meilleurs moyens à mettre en œuvre pour arriver aux fins qu'elle s'est par ailleurs fixée. C'est la raison technique, qui permet à l'homme d'étendre son pouvoir-faire. Elle lui donne les moyens de domestiquer les forces naturelles. [...]
[...] En fait, le développement des techniques est l'expression d'une volonté de domination que les hommes qui en sont victimes n'aperçoivent pas. Et ce, pour deux raisons : - le système implique l'impossibilité technique d'être autonome quitter le système technico-économique devient presque impensable (voir l'organisation monétaire internationale, les pays n'ont pas le choix ; ou le système des cartes bancaires). Et une telle négation de la liberté n'est pas vécue comme un fait politique (comme l'effet de la volonté d'un ou de plusieurs tyrans), mais comme un fait technique, quelque chose qui est rationnellement impliqué par le système et dont il faut s'accommoder (ainsi faut-il, par exemple, s'accommoder de la pollution, impliqué par la façon dont est calculé le critère qui permet d'évaluer les économies : le taux de croissance) ; - le système est efficace et produit l'abondance. [...]
[...] Leur but est la mise en œuvre de techniques d'exploitation des forces naturelles. La science pure (et donc la raison théorique, qui cherche le vrai) est ainsi peu à peu vassalisée par la technique, qui lui impose sa propre finalité : la recherche du plus grand pouvoir possible sur les choses. On ne recherche plus la connaissance pour elle-même, mais la connaissance efficace, celle qui nous donne un pouvoir sur les choses. Pareillement, la dimension morale de l'action (définie par la raison pratique, qui nous indique ce qui est bien et ce qui est mal) devient seconde : l'action vaut non pas parce qu'elle est bonne, mais avant tout par son efficacité. [...]
[...] Or, l'abondance engendre du bien-être, fait de nous de simples consommateurs, que l'on dresse, de telle façon à penser que seul compte le plaisir que nous prenons à consommer. Par là, nous sommes réduits au rang de moyen pour le système lui-même qui, par nous, se perpétue, valorise et écoule les marchandises qu'il produit en abondance. Aussi constatons-nous dans les faits l'émergence d'un système potentiellement totalitaire, sans pour autant en être effrayé système dans lequel le sens de l'existence humaine est défini par la raison technique, qui recherche l'efficacité pour la puissance. [...]
[...] Explication de texte - Marcuse, L'homme unidimensionnel éd. de Minuit, p Les principes de la science moderne étaient a priori structurés de telle manière qu'ils pouvaient servir d'instruments conceptuels pour un univers de contrôles productifs s'effectuant automatiquement : à l'opérationalisme pratique correspond en fin de compte un opérationalisme théorique. Ainsi la méthode scientifique qui a permis une maîtrise toujours plus efficace de la nature en est venue à fournir aussi les concepts purs de même que les instruments pour une domination toujours plus efficace de l'homme sur l'homme au moyen de la maîtrise de la nature. [...]
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