« Tout est permis », « avoir tous les droits », « vivre sans contraintes », autant d'expressions qui donnent sommairement une définition de la liberté. C'est cependant l'opinion la plus répandue : je suis libre si je fais ce qu'il me plaît. Peut-on se contenter de cette définition ? Le simple sentiment d'être libre suffit-il à prouver la réalité de notre liberté ? Et que sentons-nous exactement ? Le texte de Malebranche tiré de l'ouvrage De la recherche de la vérité, permet d'aborder la problématique et de dépasser les premières réactions liées au sentiment de liberté. Malebranche considère que nous avons le sentiment intérieur de notre liberté parce que nous sentons que nous avons le choix entre accorder ou refuser notre consentement sur la base de notre volonté, et non en vertu d'un pouvoir absolu de s'affranchir de toute détermination. Néanmoins, le sentiment intérieur de liberté n'est-il pas subjectif pour qu'on puisse s'y fier ? Qu'est-ce que la liberté si nous sommes déterminés par des motifs extérieurs à notre volonté ? Ne disposons-nous que du pouvoir d'accepter ou de refuser ? Quelle est la conséquence sur nos actions et sur notre responsabilité ? L'argumentation de Malebranche soulève toute une série de questions qui nous conduisent à une mise en perspective critique dans un second temps, après l'explication détaillée du texte. (...)
[...] Imaginons, propose Kant, qu'un prince me menace de mort si je ne porte pas un faux témoignage contre un honnête homme. Certes, je peux produire ce faux témoignage sous l'emprise de la peur (motif physique ou sensible). Néanmoins, je peux, en pensée et même en acte comme ce fut le cas pour les résistants pendant la Deuxième Guerre mondiale refuser de le faire par principe moral (mobile rationnel ou exigence de la raison). Alors apparaît ma liberté : je peux agir sans égard pour les menaces extérieures, en recourant uniquement aux seules forces de ma raison. [...]
[...] Si vous jetez votre ennemi mortel par la fenêtre vous n'avez pas besoin de lui dire : «Tombe car il ne peut pas faire autrement, sa chute est nécessitée par les lois de la dynamique. En revanche, une obligation morale telle que : ne mens pas ! implique la liberté. Pour que cette obligation : ne mens pas! ait un sens, ne faut-il pas que je sois libre de lui obéir ou de lui désobéir? L'impératif moral n'a de sens que si nous avons le choix entre le bien et le mal. [...]
[...] Et il va se libérer, il va satisfaire ses besoins, et assurer sa sécurité en apprenant à connaître et à utiliser le déterminisme de l'univers, les lois de la nature. La connaissance et l'utilisation de la nécessité seront l'instrument de la libération de l'homme. Conclusion Ainsi, le sentiment intérieur de notre liberté est-il bien insuffisant pour nous prouver que nous sommes libres et nous préciser comment nous le sommes. Certes, il permettra aux esclaves et aux opprimés de se révolter devant l'inacceptable situation qui les prive de toute liberté. [...]
[...] Quand je dis que nous avons le sentiment intérieur de notre liberté, je ne prétends pas soutenir que nous ayons le sentiment intérieur d'un pouvoir de nous déterminer à vouloir quelque chose sans aucun motif physique ; pouvoir que quelques gens appellent Indifférence pure. Un tel pouvoir me paraît renfermer une contradiction manifeste [ . ] ; car il est clair qu'il faut un motif, qu'il faut pour ainsi dire sentir avant que de consentir. Il est vrai que souvent nous ne pensons pas au motif qui nous a fait agir ; mais c'est que nous n'y faisons pas réflexion, surtout dans les choses qui ne sont pas de conséquence. [...]
[...] Pour Descartes, la liberté est la volonté libre, qui peut donner son consentement ou ne pas le donner Il n'y a donc pas de liberté sans pouvoir de choix : l'homme est libre parce qu'il choisit. Mais, comme le note Descartes, c'est le plus bas degré de liberté puisque rien ne nous pousse d'un côté plutôt que de l'autre, pas même de bonnes raisons et une claire intelligence. De plus, même si nous avons l'impression d'être indifférents, rien ne nous prouve que nous sommes vraiment libres de l'être. [...]
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