Premier paragraphe - Kant présente sa thèse.
Celle-ci porte sur les raisons pour lesquelles l'homme éprouve tant de difficulté à sortir de l'état de minorité, compris comme l'état dans lequel il se trouve lorsqu'il ne pense pas par lui-même lorsqu'il est dans l'« incapacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre ») et ne décide donc pas lui-même de sa conduite. Et il en profite pour indiquer que le but visé par le mouvement à la fois philosophique et politique des Lumières est précisément d'aider les hommes à sortir de l'état de minorité dans lequel ils se trouvent.
Kant parle de l'état de minorité, auquel on pourra opposer l'état de majorité. Ces deux états peuvent se définir ensemble, l'un étant le contraire de l'autre :
- état de minorité = incapacité de se servir seul de son entendement = incapacité de se diriger soi-même
- état de majorité = capacité de se servir de son entendement = capacité de se diriger soi-même.
Kant précise que nous sommes responsables de notre maintien dans l'état de minorité (« où il se maintient de sa propre faute »), tout en apportant une nuance importante : l'état de minorité dans lequel nous nous trouvons peut avoir sa cause :
- ou bien dans notre « manque d'entendement » ;
- ou bien dans notre « manque de résolution et de courage ».
Or, c'est seulement dans le premier cas que nous sommes effectivement responsables de notre état de minorité.
Il rappelle alors que le mouvement philosophique et intellectuel des Lumières nous enjoint de trouver la résolution et le courage qui font défaut la plupart du temps pour enfin nous éveiller à nous-mêmes, nous émanciper de toutes les forces (l'habitude, la coutume, le pouvoir politique) qui nous empêche, précisément, d'être les véritables maîtres de nos vie, de décider nous-mêmes de nos conduites, en un mot d'être libres (indépendant et autonome) (...)
[...] Ainsi, pour justifier du caractère bien confortable de l'état de mineur, il commence par dire que, ainsi, on n'a pas besoin de se fatiguer à penser (c'est-à-dire d'avoir des idées à soi, qu'on est capable d'appuyer sur des raisons, sur des arguments), d'autres le font pour nous (les livres, les directeurs de conscience, les médecins, etc.). Puis, il indique que c'est une position rassurante, une position qui est sans danger. En effet, penser par soi-même, c'est d'abord s'exposer au danger intérieur du doute, de l'angoisse, de l'inquiétude quant à la valeur des idées qu'on défend. Mieux vaut rapporter des idées toutes faites, partagées par le plus grand nombre. [...]
[...] Remarque - Kant laisse entendre que pour sortir de l'état de minorité, il faut posséder ces deux dernières qualités, qui sont à mettre en balance avec les défauts dont il parle : lâcheté et paresse. C'est donc bien une attitude à l'égard de soi-même comme de la vie en général que Kant nous recommande de cultiver, pour échapper à l'état de minorité et aux défauts qui expliquent qu'on s'y complait : paresse et lâcheté. Paresse : Répugnance au travail, à l'effort; goût pour l'inaction, l'oisiveté Lâcheté : manque de courage, refus de s'engager, fuite devant la responsabilité, pusillanimité, manque d'audace. [...]
[...] Il est si commode d'être mineur. Si j'ai un livre qui me tient lieu d'entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecin qui juge de mon régime à ma place, etc., je n'ai pas besoin de me fatiguer moi-même. Je ne suis pas obligé de penser, pourvu que je puisse payer ; d'autres se chargeront pour moi de cette besogne fastidieuse. Que la plupart des hommes finissent par considérer le pas qui conduit à la majorité, et qui est en soi pénible, également comme très dangereux, c'est ce à quoi ne manquent pas de s'employer ces tuteurs qui, par bonté, ont assumé la tâche de veiller sur eux. [...]
[...] Vous terminerez par une conclusion, dans laquelle vous résumez votre discussion préalable en rappelant votre point de vue sur la thèse. Éléments pour construire l'essai Comment ? On remarquera d'emblée que pour penser par soi-même il faut d'abord apprendre à penser. Par conséquent, il faut être aidé, dirigé, orienté. Le tuteur, celui qui nous permet de nous élever droit est nécessaire. C'est le pédagogue. [...]
[...] Question 2. Expliquez : Les Lumières se définissent comme la sortie de l'homme hors de l'état de minorité où il se maintient par sa propre faute En toile de fond du texte de Kant, on trouve le mouvement intellectuel connu sous le nom allemand d'Aufklärung, qui s'est développé en Europe tout au long du dix-huitième siècle (Voir les pages Internet indiquées). Il prône l'émancipation de l'homme, l'éveil de l'homme à lui-même, c'est-à- dire à la raison, faculté qui lui permet de penser par lui-même et de ne plus dépendre des différents maîtres à penser (prêtres, politiciens, médecins, etc.) lorsqu'il s'agit d'organiser son existence, de décider de son action. [...]
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