Qu'est-ce que les Lumières ? - Emmanuel Kant (1784) - La Révolution voulue par les Lumières ne s'apparente-t-elle pas plutôt à une réforme des esprits ?

Thèmes abordés

liberté individuelle, Révolution française, égalité, servitude volontaire, raison éclairée, Etat, religion, réforme des esprits, despotisme

Résumé du document

« Avant de vouloir éclairer, il faut savoir ce que sont les Lumières, cela je ne l'ai trouvé nulle part. Qu'est-ce donc l'Aufklärung ? » demande Johann Friedrich Zöllner, pasteur berlinois qui s'effrayait des abus possibles des Lumières ; l'Aufklärung n'étant rien d'autre que le terme allemand pour les désigner.
C'est à cette question que répond Kant dans un essai philosophique « Qu'est-ce que les Lumières » en 1784. Kant est un philosophe allemand né en 1724 et mort en 1804 à Königsberg, ville qu'il n'a jamais quittée. Cependant, cet éloignement géographique ne l'a pas empêché d'éprouver un vif intérêt pour les évènements français sur lesquels il porte un jugement. En effet, sa philosophie s'inscrit dans le mouvement culturel philosophique, littéraire et intellectuel qui émerge au XVIIIe siècle en France, les Lumières.

Extraits

[...] Le progrès des Lumières ne se fait pas en un jour, il est le fruit d'une longue histoire et d'efforts constamment renouvelés. Kant ajoute qu'une révolution entraînera peut-être le rejet du despotisme personnel [ . ] mais jamais une véritable réforme de la manière de penser (l.33), c'est précisément cette phrase qui développe le désir de réforme des Lumières. Celles-ci se veulent partisanes d'un despotisme éclairé qui permettrait la liberté de pensée en préservant l'ordre social, le principal étant que des préjugés (l.34) ne surgissent pas de nouveau, ce qui arriverait à la suite d'une révolution. [...]

[...] C'est pour toutes ces raisons et pour mettre fin à l'aliénation des minorités intellectuelles par les puissances dogmatiques que les Lumières se veulent précurseurs d'une révolution ou plutôt d'une réforme des esprits. L'aliénation des minorités intellectuelles par les puissances dogmatiques L'État et la religion jouent un rôle important dans la tutelle à laquelle les Lumières veulent mettre fin par l'initiation d'une réforme plutôt qu'une révolution Le rôle de l'État et de la religion dans la tutelle D'après Kant, la minorité dans laquelle se trouve l'homme du XVIIIe siècle est un état devenu naturel auquel il a même pris goût (l.15) puisqu'on ne l'a jamais laissé essayer de se servir de son propre entendement. [...]

[...] Cependant, la Révolution voulue par les Lumières ne s'apparente-t-elle pas plutôt à une réforme des esprits ? Les Lumières se placent en opposition avec la doxa du XVIIIe siècle et désirent la réformer pour mettre fin à l'aliénation des minorités intellectuelles par les puissances dogmatiques (II). Les Lumières en opposition avec la doxa du XVIIIe siècle Kant rappelle la devise des Lumières Sapere Aude pour critiquer la paresse et la lâcheté du peuple en état de servitude devenue volontaire Sapere Aude, le courage de penser par soi-même Kant définit les Lumières comme la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il est lui-même responsable (l.1). [...]

[...] - Emmanuel Kant (1784) - La Révolution voulue par les Lumières ne s'apparente-t-elle pas plutôt à une réforme des esprits ? Séance - La Révolution : un nouvel ordre idéologique et juridique Commentaire du texte 1 : Emmanuel Kant, Qu'est-ce que les Lumières ? Avant de vouloir éclairer, il faut savoir ce que sont les Lumières, cela je ne l'ai trouvé nulle part. Qu'est-ce donc l'Aufklärung ? demande Johann Friedrich Zöllner, pasteur berlinois qui s'effrayait des abus possibles des Lumières ; l'Aufklärung n'étant rien d'autre que le terme allemand pour les désigner. [...]

[...] C'est ainsi que les Lumières se font critiques de tous dogmes et refusent les autorités morales préétablies au profit des droits individuels. Néanmoins, Kant précise que le public une fois émancipé, force les tuteurs à rester eux-mêmes sous le joug de la minorité. Or, ce processus va une fois de plus à l'encontre de la pensée transmise par les philosophes en ce que les maîtres se retrouvent pris au piège de la situation d'esclavage qu'ils ont eux-mêmes institués. Pourtant, la pensée des Lumières consiste à permettre une émancipation solidaire du peuple afin que tous atteignent l'égalité et parviennent aux Lumières (l.29). [...]