Le livre II de cet ouvrage de 1605 s'ouvre sur une tripartition de l'entendement de l'homme - mémoire, imagination, raison -, à laquelle correspond une tripartition du savoir - histoire, poésie, philosophie. Après avoir analysé les deux premières correspondances, Bacon se penche sur la philosophie et sur la raison.
En premier lieu, il s'intéresse à « la partie de la philosophie de l'homme qui a trait à la raison », partie qui lui paraît avoir été négligée car elle semble à la plupart des hommes « un filet plein de subtilités épineuses ». L'un des enjeux de ce passage est justement de montrer que le progrès de la philosophie ne peut passer que par une réforme de l'entendement, par une juste compréhension des différentes étapes dans le travail de connaissance, que Bacon lie entre elles dans une organisation collective et organique de la recherche (...)
[...] Bacon, qui fut largement attaqué par les hommes d'Eglise, généralement partisans de la scolastique, est ici très polémique car en un sens il reproche aux scolastiques de ne pas adopter dans la connaissance humaine l'aptitude que les Ecritures recommandent, à savoir la charité, la prudence et l'humilité. Les scolastiques pécheraient par leur orgueil et leur incapacité à corriger leurs erreurs en ce qui touche à la vérité humaine, d'où l'appel de Bacon à retomber en enfance Deuxièmement, l'enfance est l'âge où l'on acquiert les bases, et où l'esprit n'est pas encore trop contaminé par la superstition. Or, l'induction est justement la base de la connaissance. [...]
[...] Pour lui, il s'agit là de principes de découverte dont l'esprit tout seul est à même d'en apprécier la nécessité. Alors que la logique aristotélicienne est aux yeux de Bacon compliquée et artificieuse, celle qu'il veut lui substituer est simple, claire, naturelle : l'esprit, de lui-même et par nature, effectue et mène une induction bien meilleure que celle que les logiciens décrivent Bacon considère qu'Aristote surévalue la puissance démonstrative du syllogisme quand le Stagirite dit que ce dernier est plus conforme à la raison, et qu'il déprécie l'induction, qui serait mise au second plan car constituant une méthode de connaissance agréable seulement au sens commun. [...]
[...] L'extrait s'ouvre sur une pars destruens où Bacon critique la logique encore en vigueur à son époque. Il s'agit de comprendre la vision qu'il en donne, car elle est quelque peu confuse au premier abord, et les arguments par lesquels il essaye de montrer son invalidité, puis de mesurer le sens de la liaison entre logique et art de chercher. Avant d'étudier la critique, il faut bien s'entendre sur ce que Bacon entend par la logique des logiciens et par induction Le texte présente tout d'abord deux incohérences qui en fait ne le sont pas. [...]
[...] La nature des choses est négligée pour s'élancer d'un coup d'aile vers les principes de la nature. Avec cette toile, ils n'imposent pas seulement un coup de force sur le monde des choses, mais également sur l'opinion, sur les personnes. Leur tyrannie du monde prend la forme des sergents et des licteurs [ ] pour écarter la foule, ouvrir la voie, faire de la place pour leurs opinions Il y a une police de la pensée qui empêche l'exercice critique de la réflexion, c'est un état dictatorial non-scientifique et contre- productif qui règne en philosophie pour Bacon. [...]
[...] Découvrir des axiomes, passe avant tout par savoir comment les chercher et en quel sens diriger la recherche, par ne pas se méprendre sur la nature des choses. Cela implique au fond une méthode, que Bacon élabore ici en inaugurant la pensée moderne. Quel est le meilleur point de départ pour une philosophie naturelle pertinente et utile, et quel chemin doit-elle suivre c'est l'une des questions qui traversent ce texte, et l'œuvre de l'Anglais. Pour l'instant, on n'a qu'un aperçu de la réponse, et surtout en creux. Mais en quoi consiste plus concrètement l'erreur des logiciens scolastiques ? [...]
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