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Cf. l'expression "pure substance en général", qui renvoie non plus aux substances particulières mais au pur substrat. Ce qui est visé : la tradition métaphysique aristotélicienne. Voir également la référence à ce qui "se tient sous" ou "soutenant" qui renvoie à l'hypokeimenon aristotélicien. Dans le vocabulaire lockien, les accidents aristotéliciens sont appelés "qualités", et ce sont ces qualités qui sont "capables d'exciter des Idées simples dans notre Esprit", c'est-à-dire que ce sont elles qui font l'objet de la perception sensible immédiate. Dès lors, la question aristotélicienne de savoir si les accidents sont toujours inhérents à une substance devient celle de savoir si, outre les idées simples qui nous sont données dans l'expérience immédiate, nous avons également l'idée d'une substance ou d'un "support" pour ces qualités. Locke adopte donc ici une démarche analytique comparable à celle qu'adopte Descartes dans son analyse du morceau de cire : il fait abstraction des accidents et qualités des corps ("la couleur ou le poids") et il tente de déterminer si ces accidents doivent être rapportés à un substratou à une matière première ("la solidité et l'étendue"). Sa conclusion sera double : d'une part, cette idée de substance est superflue ; d'autre part, elle est non seulement inutile mais dangereuse.
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L'idée de substance n'a selon Locke aucun contenu réel. Affirmer que tous les accidents sont inhérents à une substance, à une matière ou à une étendue solide, c'est ne rien dire tout alors même que l'on croit dire quelque chose. Le terme de substance est comme un masque que nous utilisons pour masquer notre ignorance de ce que pourrait être ce prétendu support des qualités ("un support prétendu mais inconnu"). Cf. les expressions "je-ne-sais-quoi" ou encore "je n'en sais rien, je n'ai pas du tout d'idée distincte de la chose que je prétends connaître et exposer ; j'en suis donc complètement ignorant" qui témoignent de la vacuité épistémique de l'idée de substance (...)
[...] De même, le présupposé de Locke dans sa référence à l'Indien est que la notion de substance est à ranger parmi les modes de pensée primitifs (sic). Cette métaphore vise également à montrer que la croyance dans la substance est à mettre sur le même plan que les mythes, et qu'elle appartient donc non pas au domaine de la raison mais à celui de la religion et de l'irrationnel. Il s'agit d'un produit de la superstition. Les dangers de l'idée de substance Montrer que la notion de substance relève de la superstition implique une critique extrêmement forte de cette notion puisque Locke défend en général une liberté de penser qui est compromise quand on est esclave des superstitions et des idées confuses. [...]
[...] De différentes Espèces de Substances. [...]
[...] Voir le Livre III, chapitre 2 de l'Essai consacré aux abus de langage où Locke affirme que dans ce genre, le premier abus, et le plus tangible, consiste à utiliser des mots sans idée claire et distincte ou, ce qui est pire, des signes sans que rien soit signifié Conclusion : Locke nie-t-il la réalité des substances ? Il ne faut pas adopter une lecture trop forte de ce texte. Locke ne prend pas parti contre l'existence des substances. Sa thèse de Locke est une thèse épistémologique et non métaphysique : il ne s'agit pas de décider si oui ou non la substance existe, mais si l'idée que nous avons de ces substances est une idée claire ou confuse. [...]
[...] Or selon Locke, c'est une idée confuse, une supposition indue dont il faut s'abstenir. Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de substances, mais que la question de savoir s'il y a ou non des substances sous-jacentes aux qualités est, du point de vue empiriste, une question insoluble ; que même en admettant qu'il y ait des substances, on ne peut de toute façon pas les connaître. Pag L. II. Ch. XIII. En latin Quod substat. [...]
[...] Comme donc toute l'idée que nous avons de ce que nous désignons par le terme général de Substance, n'est autre chose qu'un sujet que nous ne connaissons pas, que nous supposons être le soutien des Qualités dont nous découvrons l'existence, et que nous ne croyons pas pouvoir subsister fine resubstante, sans quelque chose qui les soûtienne, nous donnons à ce soutien le nom de Substance qui rendu nettement en Français selon sa véritable signification veut dire[2] ce qui est dessous ou qui soutient. John Locke, Essai sur l'entendement humain, Livre II, ch Le problème philosophique de la substance reformulé dans les termes de Locke Cf. l'expression pure substance en général qui renvoie non plus aux substances particulières mais au pur substrat. [...]
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