La question de la liberté est complexe et incontournable : « la grande question du libre et du nécessaire » est un labyrinthe « où notre raison s'égare bien souvent » (Leibniz). Pas d'impasse envisageable, c'est la «vraie pierre d'achoppement de la philosophie » selon Kant.
Polysémie du terme
- champ cosmologique : quelle originalité de l'acte humain ? Est-il déterminé comme un fait de nature ? Des lois de type causal suffisent-elles à l'expliquer ?
- champ théologique : réflexion sur la possibilité pour la créature de Dieu d'être libre. Si l'homme est l'effet de l'action d'un Dieu créateur, tout-puissant et omniscient, il est difficile de penser un agent qui soit libre ET fini, c'est-à-dire un être humain qui puisse agir de lui-même.
- Champ psychologique : étude des actes et du processus interne à l'agent qui les précède.
- Dimension éthique de la liberté : si l'homme dépend de quelque chose extérieure à lui-même, il n'est pas libre, donc pas responsable de ses actes. La liberté est au cœur de toute réflexion morale, car elle est liée aux thèmes de la responsabilité, du devoir, du respect.
- Champ politique : peut-être le seul champ valable selon la phénoménologie ?
[...] Mais pour Descartes le commun dénominateur entre Dieu et l'homme est la liberté, car la liberté de la volonté est si grande qu'elle n'en conçoit pas d'autres plus étendues et plus amples. Ma liberté porte l'image de la ressemblance de Dieu. Pour Descartes, d'une part, la liberté incarne la négativité absolue (radical pouvoir de refus, de mise en doute sur toute chose) qui rend le mal possible et nous rend pareils à Dieu en nous donnant le sentiment de pouvoir nous exempter de son pouvoir. D'autre part, la liberté est l'absoluité affirmée par l'assentiment à l'ordre divin, le transfert de la liberté humaine dans une instance supérieure. [...]
[...] De même, Marx critique les libertés individuelles au nom de l'émancipation de l'homme. La liberté absolue se veut sans limites, mais elle trouve dans son illimitation une source de contradiction : la liberté absolue comme toute- puissance peut devenir une servitude absolue. Dans la République de Platon, l'excès de liberté qui est le propre de la démocratie, mène à la tyrannie, qui est la confiscation de cette liberté au profit d'un seul, le tyran. Mais le tyran, apparemment absolument libre, est en fait esclave de sa concupiscence et de ses craintes, bien loin de la vraie liberté qui est maitresse des passions et obéissance à la raison. [...]
[...] L'idée de nécessiter vide la morale de son sens, mais la liberté rompt l'enchainement des phénomènes et de l'unité de la nature. La liberté serait alors une illusion, une déficience ontologique. Si l'homme pense agir librement, il se trompe et ignore la nécessiter. Les hommes se croient libres, car ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes qui les déterminent. (Cf Ethique, Spinoza) Le statut de la liberté se voit réduit à celui d'une fausse croyance. Vouloir connaitre la liberté, ce serait la nier, puisque par définition la liberté est indéterminée, et ce qui est libre est indéterminable. [...]
[...] Pour les théoriciens du contrat social, la liberté doit être consentie par tous. La liberté rend possible la moralité, elle est le fondement nécessaire de la responsabilité. Le libre arbitre est la faculté qu'a la volonté de se déterminer par elle-même. On peut donc considérer la liberté quant à ses conséquences, et décider de son statut de manière stratégique, selon le rôle que l'on veut lui assigner dans un système. Ainsi, le double objectif de Luther qui affirme qu'aucun acte humain n'est libre (selon le précepte protestant sola fide). [...]
[...] La liberté s'exerce pleinement lorsque l'agent est placé face à une alternative impérieuse et dans une situation dont les enjeux sont graves. À l'inverse, des figures de la servitude permettent également de définir ce qu'est la liberté. L'animal est l'antithèse de l'agent libre : son mouvement est une simple réponse à un stimulus commandé par l'instinct, machine ingénieuse L'homme qui se fait gouverner par ses passions fait l'objet d'une comparaison classique avec l'animal, incapable d'invention, dépendant seulement d'un jeu d'excitations et de réactions. [...]
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