Lettres sur la vertu, Rousseau, animaux, conscience animale, Aristote, scalisme, Descartes, Darwin, Freud, La Fontaine, Démocrite, intelligence, scala naturae
De Démocrite à Platon, en passant par Aristote, de nombreux philosophes de l'Antiquité amorçaient déjà l'idée d'une conception d'une « échelle des êtres ». Plus tard au Moyen-Âge, cette idée est formalisée et banalisée sous le nom de scala naturae. Elle est plus communément traduite aujourd'hui par « grande chaîne de la vie ». Elle désigne un système de classification en échelles des différents êtres vivants connus peuplant la Terre. Elle découle de l'idée d'Aristote selon laquelle les êtres vivants pouvaient se voir attribuer une position hiérarchique sur une échelle métaphorique qui représenterait leur degré de perfection. Il a placé les humains sur l'échelon le plus haut et les autres créatures du monde connu sur des échelons de plus en plus bas. Ce scalisme est l'une des plus anciennes preuves d'un souhait de hiérarchisation des êtres vivants, mais surtout de l'idée d'une supériorité de l'espèce humaine sur les autres animaux.
[...] D'après ces conceptions des animaux, il semble logique de ne pas reconnaître la conscience aux animaux. D'autant plus que la conscience humaine a le pouvoir d'agir comme une boussole morale. En effet, notre conscience est ce qui nous aide à distinguer le bien du mal. Plus encore, c'est cette conscience morale qui oriente nos jugements et nos actions, c'est grâce à elle que je sais ce que je dois poursuivre et réaliser ou ce que je dois empêcher et condamner. [...]
[...] Hamlet exclamait : « Quel chef d'œuvre que l'homme / Qu'il est noble dans sa raison Qu'il est infini dans ses facultés / Dans sa force et dans ses mouvements, comme il est expressif et admirable / Par l'action, semblable à un ange Par la pensée, semblable à un Dieu /C'est la merveille du monde l'animal idéal » . En effet, si l'homme est un animal, on pense néanmoins qu'il est susceptible d'assoir une véritable supériorité sur les autres espèces. En ce sens, le débat sur l'attribution de la conscience chez l'animal suscite passion. [...]
[...] Cette volonté enfouie de nier l'animalité n'a pourtant que très peu de pouvoir face à la vérité scientifique. Il est aujourd'hui prouvé que les humains (homo sapiens) sont une espèce de primates très intelligents. Nous sommes des animaux et nous le savons. Dès lors, il semble qu'il soit important que l'homme garde une certaine humilité concernant sa propre condition. Pascal le suggère dans Les Pensées : « L'homme n'est ni ange, ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête ». [...]
[...] En somme, il semble qu'on puisse accorder la conscience à l'animal mais avec une limite : ne pas lui accorder la conscience humaine car cela paraît impossible et cela deviendrait de l'anthropomorphisme. Dès lors, rien n'assure que l'animal ait une conscience mais on ne le peut pas non plus nier qu'il en présente une certaine forme. En réalité, il semble que la question d'accorder la conscience à l'animal se rapproche plus de la métaphysique et que c'est notre crainte de l'animalité, celle du dehors et celle enfoui en nous) qui nous pousse à renier la conscience à l'animal. [...]
[...] Pourtant, certains animaux présentent des signes très évidents qu'ils sont conscients. Ce refus ne serait-il pas une réaction de crainte de notre part ? Ne perdrions-nous pas notre dignité humaine en accordant la conscience aux animaux ? C'est en ce sens qu'il convient de se demander pourquoi on refuse la conscience à l'animal. Notre réflexion se fera en trois temps : D'abord, il s'agira d'étayer la thèse selon laquelle l'animal n'est pas doté de conscience ce qui explique qu'on la lui refuse. [...]
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