Lettre à ménécée - Epicure - publié le 02/11/2017

Thèmes abordés

Lettre à Ménécée, Epicure, dieu, immortel, mort, plaisir, philosophie, fatalité

Résumé du document

La philosophie est l'affaire de tout âge, puisqu'il est toujours temps d'aspirer au bonheur, et que philosopher consiste à étudier "les moyens d'acquérir le bonheur".
Principes d'une bonne vie :
"Le dieu est un être immortel et bienheureux": on ne doit donc pas lui attribuer les diverses croyances de la foule opposées à cette immortalité et à cette béatitude (les mythes à la poubelle, en somme). De fait, la foule conforme les dieux à l'image faussée qu'elle se fait de la vertu, d'où ses croyances mensongères.

Extraits

[...] Principes d'une bonne vie : « Le dieu est un être immortel et bienheureux » : on ne doit donc pas lui attribuer les diverses croyances de la foule opposées à cette immortalité et à cette béatitude (les mythes à la poubelle, en somme). De fait, la foule conforme les dieux à l'image faussée qu'elle se fait de la vertu, d'où ses croyances mensongères. « La mort n'est rien pour nous ». En effet, tout bien et tout mal résident dans la sensation ; or la mort est l'absence de sensation ; donc la mort ne peut nous faire aucun bien ou aucun mal : elle n'est rien pour nous. [...]

[...] Quand on a faim, du pain et de l'eau procurent autant de plaisir que les mets les plus somptueux. Ainsi, une vie simple et modeste est une bonne façon de soigner la santé et de rendre l'homme courageux en cas de déconvenue ; en outre, elle permet de mieux profiter d'une vie opulente à l'occasion. ► « Par conséquent, lorsque nous disons que le plaisir est le souverain bien, nous ne parlons pas des plaisirs des débauchés, ni des jouissances sensuelles » : « nous parlons de l'absence de souffrance physique et de l'absence de trouble moral » : ce n'est pas en fréquentant des mignons et en s'avinant jusqu'à l'inconscience et à l'incontinence que l'on atteindra la béatitude, mais avec des habitudes raisonnables et sobres, avec une raison qui soupèse les plaisirs et les peines de chaque acte en vue de l'ataraxie. [...]

[...] Personne ne peut rivaliser avec le sage : il a sur les dieux des opinions pieuses, il ne craint ni la mort ni les maux (puisqu'il sait que ceux-ci ont une durée et une gravité limitées), il ne se soumet pas bêtement à la fatalité, mensonge des physiciens (Epicure va même jusqu'à affirmer qu'il vaudrait mieux croire aux mythes plutôt que de croire à la fatalité des physiciens, c'est dire et préfère faire de bons calculs quant à son bien et se tromper plutôt que de faire de mauvais calculs et d'avoir de la chance. En suivant tous ces sages conseils, on devrait vivre sans aucun trouble, et donc « parmi les hommes comme un dieu ». Car « l'homme qui vit au milieu de biens immortels n'a plus, en effet, rien de commun avec les mortels ». [...]

[...] ► C'est pour cela que nous disons que « le plaisir est le commencement et la fin de la vie bienheureuse » : c'est lui qui nous fait accepter ou fuir les choses (on ne se jettera normalement pas dans une culture d'orties pour le plaisir), et c'est notre fin (puisqu'ici nous prenons la sensibilité comme critère du bonheur, et qu'il semble évident que tout le monde aspire au bonheur). ► Toutefois, certains plaisirs ont pour conséquence des peines plus lourdes en comparaison : ingurgiter un pot de Nutella peut paraître divin sur le moment, devient une torture une heure près intestinalement parlant. Nous évitons donc de nombreux plaisirs, « quand ils ont pour conséquence une peine plus grande ». [...]

[...] D'un autre côté, on accepte de subir certaines souffrances en vue d'un plaisir qui les dépasse : travailler en vue d'un salaire, par exemple. Ainsi, tout plaisir, s'il est un bien (puisqu'il s'accorde avec notre nature), n'est pas nécessairement souhaitable. Dans le même esprit, toute douleur est un mal, mais elle n'est pas nécessairement à fuir. Dépendre de soi-même est un grand bien, qui n'oblige cependant pas nécessairement à se contenter de peu. Toutefois, en cas de défaut d'abondance, on doit pouvoir se contenter de peu, sachant que les biens naturels s'obtiennent aisément tandis que ce qui n'est pas naturel s'obtient malaisément. [...]