La conquête du bonheur est sans doute présente en tout homme. Mais le bonheur consiste-t-il dans la satisfaction immédiate de ce que demandent nos passions ? C'est là, selon Descartes, l'attente qui caractérise les âmes ''basses'', et elles sont nécessairement déçues en fonction des circonstances.
Au contraire, les ''grandes âmes'' écoutent davantage leur raison. Or la raison enseigne que la vie terrestre est finie, et que ses accidents ne sont rien de plus que des péripéties de comédie, dépourvues de valeur relativement à l'immortalité et au bonheur posthume. C'est pourquoi elles savent se satisfaire de tout ce qui leur arrive, même si ce qui leur arrive est fâcheux.
La passion implique, étymologiquement parlant, une passivité, une réceptivité : l'état de l'âme dépend des choses extérieures et de leur orientation. Dans la mesure où l'âme ''basse'' est déterminée par ses passions, son bonheur est donc lié à la façon dont les circonstances peuvent les satisfaire.
[...] A l'opposé, le corps est mortel, fragile, infirme (du côté de l'imperfection), et condamné à périr dans peu d'années La conséquence implicite est que tout ce qui le concerne a les mêmes défauts. Quelle importance attribuer à cette vie La grande âme ne saurait négliger ce qui participe des satisfactions temporelles: si elles peuvent exister, on doit en profiter dans la mesure du possible. C'est pourquoi ses efforts tendent à se rendre le sort favorable. Mais même les satisfactions d'ici-bas apparaissent comme de très peu d'importance. Valeur relative et valeur absolue Que peut valoir un sort favorable au regard de l'éternité? [...]
[...] Mais celui qui espère tout des choses terrestres ne connaît que déceptions et malheurs. Si l'âme est grand c'est donc parce qu'elle oriente ses espoirs en fonction d'exigences rationnelles: en considérant que seule la valeur absolue participe de l'immortalité; elle confère aux très relatives valeurs d'ici-bas une signification globalement positive. L'immortalité de l'âme, si cruciale pour juger des satisfactions que peut apporter l'existence, est ici affirmée comme une sorte de postulat, sans aucune allusion à la création divine. Ce passage évoque ce que pourrait être un pari cartésien: admettez que l'âme est immortelle, et cela vous conférera un point de vue sur le monde tel que tout y apparaîtra satisfaisant. [...]
[...] Pour l'âme basse, un sort favorable lui apporterait le bonheur (elle ne raisonne pas au-delà). Mais ce serait toujours un bonheur relatif. On peut donc concevoir deux sortes de bonheur: l'un fini, l'autre infini. Si l'on admet que le bonheur désigne une plénitude totale (ce que fera aussi Kant), seul le second est réel. III- La vie terrestre n'est qu'une comédie Le temps de la représentation Le temps d'une représentation théâtrale est limité, tout comme l'est celui de la vie terrestre. [...]
[...] "Lettre à Élisabeth", Descartes La conquête du bonheur est sans doute présente en tout homme. Mais le bonheur consiste-t-il dans la satisfaction immédiate de ce que demandent nos passions? C'est là, selon Descartes, l'attente qui caractérise les âmes basses et elles sont nécessairement déçues en fonction des circonstances. Au contraire, les grandes âmes écoutent davantage leur raison. Or la raison enseigne que la vie terrestre est finie, et que ses accidents ne sont rien de plus que des péripéties de comédie, dépourvues de valeur relativement à l'immortalité et au bonheur posthume. [...]
[...] Mais suivre la raison n'implique pas l'absence de passions Les âmes nobles, au contraire, obéissent à leur raison (classiquement opposée aux passions). Mais elles ne sont pas pour si peu dénuées de passions: c'est même le contraire. Leur grandeur vaut aussi pour leurs passions, puisque ces dernières sont souvent plus violentes que celles du commun La grande âme se passionne pour des valeurs plus hautes ou enthousiasmantes que l'âme vulgaire: la force des passions est relative à la qualité de l'âme. [...]
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