À la fin de l'année 1646, Chanut, alors ambassadeur de France en Suède, permet à Descartes d'entamer une correspondance épistolaire avec la reine Christine de Suède. La reine, qui s'intéresse énormément aux questions religieuses, mais également à la philosophie morale, est avide de savoir. Passionnée de philosophie, elle souhaite obtenir les lumières de Descartes, qui demeure à nos jours l'un des philosophes les plus connus et les plus emblématiques d'une époque.
Dans cette lettre, datée du 20 novembre 1647 et qui marque le début de leur correspondance, Descartes répond aux questionnements de la reine en lui expliquant ce qu'est selon lui le souverain bien.
[...] En ce qui concerne les biens du corps, Descartes semble faire référence aux désirs dits naturels. Toutefois, si l'on s'en réfère à la classification des désirs selon l'épicurisme, il faut en distinguer deux types : les désirs naturels et nécessaires (boire, manger, dormir) et les désirs naturels, mais non nécessaires, comme la volupté corporelle ou la satisfaction d'appétits tels que la gourmandise, manger des plats variés et délicieux, etc. Les biens de la fortune sont, selon le Dictionnaire de l'Académie française, les richesses, les honneurs, les charges Cela peut faire penser à la hiérarchie des désirs selon les épicuriens, où la recherche de la gloire et de la richesse fait partie des désirs non naturels et non nécessaires pour atteindre le bonheur. [...]
[...] Cela n'est pas sans rappeler l'impératif catégorique énoncé par Kant : Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée par ta volonté en une loi universelle L'homme doit donc faire confiance à sa conscience morale pour savoir comment agir, et il doit l'écouter et toujours se plier à sa volonté. Le souverain bien est donc lié à la morale. Mais il est également lié à la raison. En effet, dans la phrase d'employer toutes les forces de son esprit à les bien connaître. [...]
[...] L'homme est un être de raison, mais également de passion. Nombreux sont ceux qui cherchent à atteindre un plaisir immédiat en utilisant divers artifices. Ils s'illusionnent toutefois en pensant y trouver le véritable bonheur. Ils ne souhaitent en effet pas se remettre en question et préfèrent s'entourer de douces illusions plutôt que de connaître le doute amenant vers la vérité. Ainsi donc, l'accès à la connaissance est loin d'être facile pour tous. Même si l'Idée de la connaissance semble rester pertinente pour définir le souverain bien, Descartes met surtout l'accent sur la volonté, vouloir ce qui est bon : il ne reste que notre volonté, dont nous puissions absolument disposer (l.11-12) Nous avons donc vu dans la deuxième partie que Descartes écarte les biens du corps et de la fortune de la définition du souverain bien, et qu'il ne garde que ceux de l'âme, et encore pas tous : seul celui de la volonté semble trouver grâce à ses yeux. [...]
[...] Or les autres types de biens déjà énumérés peuvent nous échapper. Ainsi, pour les biens du corps et de la fortune, ils ne dépendent point absolument de nous (l.7-9). En effet, il est ici nécessaire de rappeler que dans certaines parties du monde, les gens souffrent de la faim et de la soif, et que s'ils étaient nés ailleurs, ils ne connaîtraient sans doute pas ce problème. Même dans les pays dits riches, il y a des personnes pauvres qui ne peuvent se permettre de manger une alimentation saine ou équilibrer. [...]
[...] Durant cette recherche, l'homme est forcément pris par le doute; or douter montre la force de notre esprit. Au cours de sa recherche de la vérité, l'homme se défait de ses illusions, des préjugés et des faux plaisirs qui nous sont proposés par des publicitaires peu soucieux de permettre à l'homme de parvenir à l'ataraxie, la quiétude de l'âme, qui constitue la forme de bonheur suprême pour les épicuriens. Ainsi donc, pour Descartes, le Bien et le Vrai constituent toutes les vertus (l.16). [...]
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