D'après les Anciens, tout gouvernant se distingue des autres hommes par l'épée de Damoclès qu'il porte en permanence au-dessus de sa tête. Cette image signifie que le Prince (au sens générique, le premier des Hommes, celui qui les dirige) subit la menace constante d'être renversé, de perdre le pouvoir qu'il détient. Alors que Le Prince de Machiavel (XVIème siècle) est initialement une oeuvre de destinée à Laurent de Médicis et a pour but l'unification de l'Italie, elle est finalement considérée comme une oeuvre fondatrice de la science politique moderne. Dans cet extrait, Machiavel pose le problème suivant : selon quels principes le Prince doit-il être guidé dans l'exercice se son pouvoir ? (...)
[...] Dans cet extrait, Machiavel pose le problème suivant : selon quels principes le Prince doit- il être guidé dans l'exercice se son pouvoir ? Dans un premier temps, Machiavel réfute le sens commun qui postule que le Prince doit agir dans le cadre de son règne avec un sens aigu de la justice. Chacun entend assez qu'il est fort louable à un prince de maintenir sa foi et vivre en intégrité, non pas avec ruses et tromperies Machiavel est de ce point de vue radical dans la mesure où il rompt avec une doctrine chrétienne qui condamne la ruse et les tromperies préconisant au Prince, comme à chaque Homme, d'agir avec intégrité signe de sa foi dans le divin dont l'Église n'est qu'un médiateur. [...]
[...] Mais il ne dévalorise pas la force considérant que les insuffisances de la loi conduisent à recourir à la force En conséquence, l'auteur souligne que le Prince doit pouvoir user des deux, savoir bien pratiquer la bête et l'homme Pour rester au pouvoir, le Prince doit donc être à la fois demi-bête et demi-homme Machiavel ajoute que lorsque le Prince agit selon la force en tant que bête il peut être soit lion soit renard L'auteur emploie un vocabulaire imagé, le lion étant l'allégorie de la force brute, pure, et le renard étant celle de la ruse. Machiavel se sert de l'imagerie populaire dans son raisonnement, le renard rusé évoquant implicitement notamment la célèbre œuvre médiévale du Roman de Renart. [...]
[...] Machiavel donne une vision pessimiste de la nature humaine qui au fond justifie le fait que le Prince n'agisse pas en vue d'un certain bien. Sans sa conception négative de l'Homme, Machiavel pense que sa thèse ne serait pas valable. D'autant que si les hommes étaient tous gens de bien, mon précepte serait nul, mais comme ils sont méchants et qu'ils ne te la garderaient pas, toi non plus tu n'as pas à la leur garder Dans cette phrase l'auteur utilise la deuxième personne du singulier, il s'adresse en effet directement à Laurent de Médicis. En conclusion, Machiavel sépare la morale de la politique. [...]
[...] Comme disait Rousseau dans Le Contrat social, en feignant de donner des leçons aux rois, il [Machiavel] en a donné de grandes aux peuples. [...]
[...] Commentaire d'un extrait du chapitre XVIII du Prince de Machiavel. Chacun entend assez qu'il est fort louable à un prince de maintenir sa foi et vivre en intégrité, non pas avec ruses et tromperies. Néanmoins on voit par expérience de notre temps que ces princes se sont faits grands qui n'ont pas tenu grand compte de leur foi, et qui ont su par ruse circonvenir l'esprit des hommes, et à la fin ils ont surpassé ceux qui se sont fondés sur la loyauté. [...]
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