Le Lachès fait partie des dialogues de jeunesse de Platon. M. Couloubaritsis propose de faire encore une sous-division regroupant trois de ces dialogues socratiques, à savoir le Lachès, le Charmide et le Lysis. En effet, ces dialogues portent l'interrogation socratique dans son propre lieu : la question de la définition. « Ces dialogues dans lesquels se déploient des questions devant être dépassés dans la suite, s'accompagnant de nouvelles questions qui, tout en gardant un caractère aporétique quant aux réponses, sont déjà constructives par l'argumentation qu'elles suscitent. Ils forment un groupe dans l'ordre argumentatif (recherche de la définition), bien qu'ils diffèrent au point de vue thématique.[...].Ils approfondissent la question de l'opinion (doxa) ».
Avec les dialogues de jeunesse, nous voyons apparaître dans l'histoire de la philosophie la première forme d'une dialectique, c'est-à-dire, selon Schleiermacher, « une manière spécifique de mener un dialogue pour trouver la vérité. » La méthode de cette dialectique est l'examen, « l'elenchos ». Socrate recherche la vérité à l'aide de questions et de réponses. Celui-ci utilise la logique, et surtout le syllogisme. Socrate a pour habitude de réfuter la position de son interlocuteur qui se voit toujours contraint à reconnaître son non-savoir. Généralement, la méthode elenchtique débute par un travail de définition dont la première est en principe fausse, elle est alors corrigée, puis examinée. Cet examen va conduire à une première aporie qui forcera les interlocuteurs à entamer une nouvelle démarche et tenter une nouvelle définition. L'examen de cette dernière mettra à jour une contradiction aboutissant à l'aporie finale.
[...] L'aporie marque un temps d'arrêt. L'élan initial de l'élève est épuisé, il faut une inspiration neuve pour faire repartir la recherche. Ici c'est Nicias qui prend en charge la suite de la recherche. Nicias (194 b - 197 a. son essai de définition (194 b - 196 : Nicias reprend l'idée socratique du spécialiste, à savoir que chacun de nous est bon dans les choses qu'il sait et mauvais dans celles qu'il ignore. Par conséquent, si un homme courageux est bon, alors il possède la science du courage. [...]
[...] Nous arrivons donc à une nouvelle aporie, puisqu'au début on avait spécifié que le courage n'était qu'une partie de la vertu, or nous venons de découvrir la définition de la vertu dans son ensemble et non celle du courage. - Epilogue (200 a - 202 Nicias reconnaît sa faiblesse et Lachès conseille à Lysimaque et Mélésias de s'adresser uniquement à Socrate. Ce dernier fait acte de modestie et avoue ne pas avoir été plus savant que ses deux interlocuteurs puisqu'il n'a pas non plus trouvé de réponse. Il opte pour la recherche d'un nouveau maître. Le dialogue se clôt sur la volonté de reprendre la discussion le lendemain. [...]
[...] Cependant, il ne faut pas oublier que de Lachès à Nicias puis de ce dernier à Socrate, un pas important vers la définition a été accompli. Lachès n'a vu que les accidents du courage et est resté dans le domaine empirique, au niveau de l'opinion ; Nicias se contente du genre commun à toutes les vertus et oublie la spécificité du courage, il rentre pourtant déjà dans le domaine de la recherche de la définition et se situe donc au niveau de la science. [...]
[...] Il faut donc se demander de quelle science il s'agit. Nicias avance que le courage est la science des choses qu'il faut redouter ou espérer, dans la guerre et en toutes circonstances. Lachès proteste, car, selon lui, le courage n'a rien à voir avec la science. Son intervention est brusque et contraste avec le caractère plus raffiné de Nicias. Pour prouver sa thèse Lachès prend l'exemple du médecin qui connaît bien ce qui est à craindre ou à espérer, mais n'est pas courageux pour autant ; c'est plutôt le malade qui devra supporter sa maladie. [...]
[...] Lachès est empiriste : seule la guerre enseigne la guerre. En dignes militaires, tous deux estiment le courage par-dessus tout. S'ils diffèrent sur la valeur de l'escrime, c'est que le premier en fait une école de courage (182 tandis que l'autre ne lui trouve pas de rapport avec cette vertu (184 b). Entre les deux généraux consultés, nous avons affaire avec une dialectique non socratique, où l'on voit deux thèses contradictoires s'affronter, sans qu'il y ait chance apparemment de ne voir jamais la thèse l'emporter rationnellement sur l'antithèse.[4] C'est alors que Socrate est invité à donner sa voix à l'une des deux opinions Opinions de Socrate (184 d - 189 Principes d'un programme de recherche (184 d - 187 : Lysimaque fait appel à Socrate qui lui dit qu'un jugement dépend plutôt de la science que du nombre de juges. [...]
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