Kitāb al-Shifā, Avicenne, métaphysique aristotélicienne, erreur, indifférence de l'essence, existence propre, existence affirmée, concept de ma'nā, énoncé inutile, énoncé invalide, chose, existence, réalisme des universaux, nature
Le Kitāb al-Shifā est une somme avicennienne agencée en quatre parties distinctes - Shifā signifiant « guérison » et renvoyant au livre de la Métaphysique aristotélicienne : il s'agissait alors pour le Stagirite de guérir ceux dans l'erreur ou prétendant nier le principe de non-contradiction ; il s'agira, pour Avicenne, de guérir l'erreur en général.
[...] aussi en avoir la notion. - Mais notre description fait encore preuve d'incomplétude sémantique : que faut-il entendre par ma'nā ? et, a fortiori, par une intention « acquise » et « intelligée » ? Il semble ici qu'il faille entendre par ma'nā moins l'acte de l'intention, du viser, que son résultat ou ce que l'intention vise : l'intentionné. Si l'on comprenait au contraire qu'il s'agit là de l'acte d'intentionner, l'on ne verrait pas comment celui-ci pourrait être acquis et intelligé. [...]
[...] à des « réalistes » au sens platonicien du terme. Cela éclaire transversalement la raison pour laquelle Avicenne utilise le terme d'existence propre pour qualifier l'essence ; ce faisant, il témoigne de son refus de deux positions comme extrêmes, l'une qui réduirait la choséité à l'existence particulière et sensible (nominalisme de type ash'arite, d'après Wisnovsky ; J. Jolivet nota, dans l'article déjà cité, que ces derniers « ne font pas de différence entre l'existence, [ . ] la choséité, l'essence, le sujet concret ») ; l'autre qui étendrait la choséité, l'existence effective ou affirmée, aux essences en tant que telles - en somme, l'existence effective ne peut selon Avicenne être restreinte aux choses physiques, mais ne peut pas non plus être indûment étendue aux quiddités en tant que telles. [...]
[...] En somme, un tel énoncé n'énonce pas simplement que telle essence est telle essence et telle autre une autre essence, ce qui serait tautologique, mais il énonce au contraire, en tant qu'il suppose en l'âme de celui qui l'énonce l'intention des propriétés par soi de deux essences particulières, que l'une et l'autre existent (en l'âme) comme affirmées - par où il témoigne indirectement de la différence entre existences propre et affirmée, moins en tant qu'il la justifie que parce qu'il la présuppose. - Après ces divers exemples visant à préciser la justification de la thèse initiale, i.e. [...]
[...] De deux choses l'une, partant : Peut-être est-ce pour cette raison qu'un tel énoncé est qualifié d'« affirmation » (l.7) - à condition toutefois de comprendre que « également » (l.7) se rapporte moins à l'affirmation qu'au fait de livrer ce que l'on n'ignore pas. En outre, cela expliquerait que cette tautologie-ci ne soit pas qualifiée d'inutile. En effet, soutenir que ce dernier énoncé ne nous apprend rien quant à la différence entre existences propre et affirmée serait difficile, attendu que ce dernier suppose le concept d'existence affirmée, qui fut déjà distingué de celui d'existence propre. Mais comment comprendre alors la mobilisation d'un tel argument ? Ne témoigne-t-il pas, en effet, de ladite différence ? [...]
[...] aussi que l'existence excède la choséité - Avicenne, ce faisant, prit le contre-pied de positions de type nominalistes et platonisantes, s'attachant à réfuter en particulier cette dernière, ou un certain réalisme des universaux tel que le défendit par exemple Yaḥyā ibn `Adī. - Comme cela fut brièvement souligné, notre extrait s'avère central pour la doctrine avicennienne de l'indifférence de l'essence, en tant qu'il en pose les premiers linéaments - linéaments dont les conséquences seront développées dans la suite de Shifā, « Métaphysique », & I. [...]
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