Dans la 4ème proposition, Kant va définir une des choses qui caractérisent l'homme selon lui : son "insociable sociabilité" qui le pousse à s'associer à d'autres hommes dans une société au sein de laquelle un "antagonisme" très important entre individus crée des tensions et des conflits.
Cependant, loin de considérer cet état de fait comme quelque chose de négatif, Kant va le présenter comme le moyen choisi par la nature, par le "créateur", pour poursuivre la finalité de l'humanité, c'est-à-dire actualiser tous les possibles de l'homme. Il va donc aussi présenter les effets de cette "insociable sociabilité".
Plan du texte :
- Il va commencer par présenter, définir, expliquer ce qu'est l' "insociable sociabilité" sur laquelle se base cette proposition.
- Ensuite, il développe la finalité de cette "insociable sociabilité" et en explique la légitimité : en quoi est-ce positif pour l'histoire de l'humanité ? Il explique aussi comment et presque pourquoi elle peut pousser l'homme à actualiser ses possibles. A l'intérieur de cette seconde partie de la proposition, il introduit un exemple sous la forme d'une comparaison : celle des bergers d'Arcadie.
I- L'insociable sociabilité
Kant, avec ce terme qui prend la forme d'un oxymore frappant, explique un antagonisme fondamental dans l'homme.
D'une part il a un penchant naturel à se mettre en société, comme il le dit "l'homme possède une tendance à s'associer", à rechercher la compagnie de ses semblables, parce qu'il ne se sent exister humainement que dans et par la relation humaine. La conscience de sa condition d'homme ne peut venir à l'homme que dans l'échange qu'il a avec autrui. Ses besoins ne sont pas exclusivement biologiques, ils sont aussi moraux et métaphysiques : communiquer, échanger, aimer, nouer avec ses semblables des rapports d'amitié et de justice... L'homme vit en société par désir d'autrui et d'être avec autrui, et non pas seulement par intérêt, quoique la mise en société reste le résultat de ce que Kant nomme plus loin dans le texte un "accord pathologiquement arraché", c'est-à-dire une mise en société qui est le fruit de penchants, presque de passions, et non d'un choix, d'une volonté. L'humanité de l'homme se confond avec sa sociabilité (...)
[...] Idée de l'histoire universelle au point de vue cosmopolitique, Kant 4ème proposition : Le moyen dont se sert la nature, pour mener à terme le développement de toutes les dispositions humaines est leur antagonisme dans la société, jusqu'à ce que celui-ci finisse pourtant par devenir la cause d'un ordre conforme à la loi. J'entends ici par antagonisme l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à- dire le penchant des hommes à entrer en société, qui est pourtant lié à une résistance générale qui menace constamment de rompre cette société. [...]
[...] D'autre part, il a tendance à privilégier son ‘moi', et à en faire un foyer d'insubordination à la loi commune. Il vise son intérêt personnel auquel il n'hésite pas parfois à sacrifier l'intérêt général celui des autres, ou de la communauté. Il veut vivre avec les autres, mais il veut les soumettre à sa loi : c'est sa radicale insociabilité. De plus, la volonté de tout organiser selon son humeur et de s'imposer entraîne l'homme à s'attendre à une résistance équivalente à celle qui serait la sienne en pareille circonstance, résistance d'autrui qui entrainerait le conflit ouvert. [...]
[...] La mise en société, malgré ‘l'insociabilité' de l'homme est au départ un ‘accord pathologiquement arraché pour former la société', c'est-à-dire la force des choses, la part sociable de l'homme, qui réunit les hommes sans qu'il ne s'agisse, de leur part, d'un véritable choix fruit de leur volonté ; et la mise en société va pousser les hommes à sortir de la passivité qui les y a poussés, puisqu'alors talents se développent peu à peu'. On va passer de ‘l'inculture à la culture' : faire sortir l'homme de son statut purement naturel, la culture étant fondée sur la ‘valeur sociale', et donc directement liée à la société et à son organisation. Quelles sont les conséquences du développement que permet d'‘insociable sociabilité' ? ‘L'incapacité à se supporter' dont il parle est donc essentielle. [...]
[...] Mais elle ne veut pas détruire l'humanité. En effet, la volonté de la nature s'avère tout de même positive pour l'homme. La discorde, c'est le conflit, les rapports de force et donc un effort de construction de société stable, un travail pour se surpasser et surpasser autrui et se construire grâce à la raison ainsi développée. On pourra alors se développer hors des poids de la société ; et ce grâce à une ‘insociabilité' de départ, couplée à la ‘sociabilité'. [...]
[...] Il parle aussi de finalité dans l'histoire, ce qui ne va pas de soi non plus. La raison doit être ordonnée à une fonction, si tous les organes ont la leur mais alors, quel est le but de la nature ? Si elle a donné la raison, c'est pour que l'humanité la développe. L'histoire pourrait se trouver investie d'une sorte de finalité dont il faut déceler et identifier la direction. L'inconvénient de l'âge d'or est que l'humanité y est plongée dans une sorte de léthargie animale, sans conscience de soi. [...]
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