Ce que l'on tient pour véritablement moral, c'est une bonne volonté : telle est l'opinion commune. Mais le fait que quelqu'un puisse vouloir faire le bien ou le fait qu'un marchand décide de fixer les mêmes prix pour ses clients, est-ce à dire que ces individus sont à ce moment-là inspirés par un respect pour la loi morale qui prescrit le désintéressement ou encore l'honnêteté ? En d'autres termes, est-ce que le simple fait d'avoir uniquement une bonne volonté suffit pour être qualifiée de morale ?
C'est à cette question que répond KANT dans le texte que nous nous proposons d'étudier ? Après avoir analysé cette réponse, nous chercherons à en dégager l'intérêt philosophique.
[...] Mais en ce sens, faire son devoir pourrait consister à ne rien faire qui soit vraiment utile. Certes, il est vrai que si l'on s'appuie sur des intérêts purement personnels, notre action n'aura plus rien de moral. Mais si comme DESCARTES, dans son oeuvre Lettre à Elisabeth examinait les intérêts de l'ensemble, ce pourrait être le propre de la morale, du devoir et de la vertu, d'être capable de mesurer les intérêts d'une communauté et d'agir en vue de satisfaire ces intérêts avant les nôtres. [...]
[...] Cependant, cette conception qui est de faire l'intérêt un principe moral, a le revers de la médaille. En effet, faire son devoir sans prendre en considération les intérêts, ce serait ne rien faire d'utile. Pourquoi, par exemple, s'attacher à ne pas mentir, sachant que le mensonge est souvent très utile. Le secret d'Etat, par exemple, n'est-il pas une forme de mensonge autorisée au nom de l'intérêt général ? Est-il pour autant moral ? C'est en ce sens que la morale kantienne, très exigeante, peut paraître à la fois idéaliste et en même temps authentique. [...]
[...] KANT imagine un homme qu'aucun égoïsme ne pousserait à faire le bien et qui, pourtant, le ferait, uniquement par respect du devoir. L'analyse morale de la situation amène l'auteur à conclure que l'action de l'homme a une vraie valeur morale. L'homme a su montrer qu'il était capable d'échapper au déterminisme naturel, d'agir par un ordre qui lui vient uniquement de sa raison. La morale, pour KANT, a donc pour fonction de faire agir l'homme par sa faculté de penser et de juger, en considérant à part le plaisir, l'intérêt, le malheur et le bonheur. [...]
[...] KANT poursuit donc son exemple mais sous la forme d'un raisonnement par l'absurde, c'est-à-dire en validant une proposition qui n'est pas la sienne afin de mieux pouvoir la détruire : à savoir, qu'un penchant purement naturel tel que la sympathie ou encore le bonheur de bien faire, peut nous pousser à agir conformément à la loi morale. Ainsi, l'auteur va nous faire observer que la manière de bien faire, notamment d'un point de vue social, c'est-à-dire être bienfaisant, peut être déterminée par deux intentions très différentes. Dans un premier temps, l'auteur va dénier toute valeur aux bons sentiments ; c'est donc là qu'il va réfuter la proposition tantôt affirmée dans le raisonnement par l'absurde. Donc pour KANT, l'intention de bienfaisance coïncide comme action simplement conforme au devoir. [...]
[...] Ce qui motive mon action relève davantage du sens que de l'intérêt : dire la vérité n'aurait plus de sens si tout le monde mentait. Nous pouvons donc chercher avec KANT à fonder l'action morale en nous demandant ce qui, au juste, la rendrait possible et efficace. Ainsi, l'auteur se propose de chercher pour la morale, des fondements plus élevés et qui seraient capables de ne plus rien emprunter à la notion d'intérêt. Mais ces fondements ont aussi pour but d'être valables pour tous les hommes, et pour tous les temps. KANT cherche à déterminer la forme d'une action purement morale, c'est-à-dire universellement acceptable. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture