L'homme est tiraillé entre deux forces contraires: une qui le fait obéir aux nécessités naturelles comme les besoins et les désirs auxquelles il ne semble pas pouvoir résister ; et une autre qui fait intervenir sa réflexion, sa conscience et sa liberté, qui lui permet d'être à l'origine de ses actes. Entre ces deux forces contraires qui le rendent alternativement passif ou actif, l'homme semble hésiter (...)
[...] Kant, Critique de la raison pratique : conscience et responsabilité Commentaire composé semi-rédigé sur un extrait de Critique de la raison pratique de Kant, montrant que l'homme est tiraillé entre deux forces contraires, celle qui le fait obéir aux nécessités naturelles et celle qui fait intervenir sa réflexion. Le texte du commentaire Un homme a beau chercher par tous les artifices à représenter une action illégitime, qu'il se rappelle avoir commise, comme une erreur involontaire, comme une de ces négligences qu'il est impossible d'éviter entièrement, c'est-à-dire une chose où il a été entraîné par le torrent de la nécessité naturelle, et se déclarer ainsi innocent, il trouve toujours que l'avocat qui parle en sa faveur ne peur réduire au silence la voix intérieure qui l'accuse, s'il a conscience d'avoir été au moment où il a commis cette action injuste; et, quoiqu'il s'explique sa faute par une mauvaise habitude, qu'il a insensiblement contractée en négligeant de veiller sur lui-même, et qui en est venue à ce point que cette faute en peut être considérée comme la conséquence naturelle, il ne peut pourtant se mettre en sécurité contre les reproches et le blâme qu'il s'adresse à lui-même. [...]
[...] Les habitudes contractées le sont par nous mêmes, et non à cause d'une intervention extérieure. Car notre conscience, et notre liberté qui l'accompagne, sont aussi présentes que notre propre personne. Aussi cette conscience ne peut-elle être réduite au silence. Ma présence, et ma responsabilité, voire ma culpabilité, sont inévitables. Sans moi, rien n'aurait été fait car c'est par le que commence toute représentation, dans le domaine pratique. L'exercice de ma conscience est constant, car tout renvoie à moi même et à ma subjectivité, et je suis donc toujours actif, et non pas simplement passif. [...]
[...] Cette volonté lui permettra d'être autonome et donc d'être libre. Celui qui prétend ne pas pouvoir écouter sa conscience ou sa volonté, alors qu'il en dispose entièrement, est quelqu'un qui se donne des excuses illégitimes, et qui refuse d'être libre. C'est à sa véritable nature d'être libre, que sa conscience lui octroie, que cet homme cherche à échapper, dans l'excuse qu'il se donne de ne pas pouvoir dire non à certaines sollicitations, c'est à dire de ne pas pouvoir choisir. [...]
[...] La nature libre de l'homme La possibilité d'une action involontaire réfutée Kant veut montrer dans ce texte qu'il est impossible d'échapper aux exigences de la conscience car celle-ci est constitutive de notre nature d'être humain, et il s'agit de montrer que notre véritable nature n'est pas d'obéir aux nécessités naturelles, mais bien au contraire d'exercer notre liberté pour y faire face. En effet, il arrive souvent pour celui qui revient sur son existence passée de découvrir des actions illégitimes pour lesquels il cherche à se déclarer innocent. Ses excuses, il les trouve dans le domaine des nécessités naturelles. L'idée de nécessité naturelle entraîne le caractère irrésistible de ses influences. Les fautes commises ne seraient alors dues qu'aux négligences auxquelles nous poussent ces forces naturelles. C'est contre cet appel à la force des nécessités naturelles que Kant veut s'en prendre ici. [...]
[...] Ainsi, une faute commise ne serait qu'une conséquence, un effet d'une cause nécessaire. L'homme serait impuissant, car la nature à laquelle il obéirait ne pourrait se modifier, et serait donnée dès le départ. L'"explication" reviendrait ici à montrer le progrès continu, par petites touches, de la contraction de mauvaises habitudes, comme si la nature finissait toujours par faire respecter ses lois, dont le caractère insensible échapperait à la vigilance de notre conscience. C'est presque un appel à l'inconscient qui est fait ici, inconscient qui réduirait l'homme à la passivité complète. [...]
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