L’incohérence de l’incohérence, Averroès, dernier chapitre
L'incohérence de l'incohérence, ou « Tahāfut al-Tahāfut », pastiche le titre de l'ouvrage d'Al-Ghazali, lui-même intitulé Incohérence des philosophes, ou «Tahāfut al-Falasifa ». L'oeuvre d'Averroès apparaît d'ores et déjà comme une riposte, un droit de réponse aux accusations, émises presque un siècle plus tôt, d'Al-Ghazali envers les philosophes, notamment l'aristotélisme et Avicenne. Méthodiquement, Averroès va donc reprendre cet ouvrage pour le critiquer. Dans ce passage précis, il y a deux niveaux de lecture. D'une part, on assiste à la défense des enseignements révélés en tant qu'ils permettent une morale aux hommes, elle-même modalité de félicité dans la future demeure. D'autre part, on voit s'afficher, et c'est probablement là toute la problématique du texte, une réponse à Al-Ghazali qui a l'ambition de montrer l'inanité de ses propos et sa mauvaise interprétation de ceux des philosophes en les réfutant méthodiquement. La thèse d'Averroès répond donc à ses détracteurs pour réhabiliter les philosophes et montrer en quoi, et pourquoi, ils font grand cas de tous les enseignements révélés. Pour ce faire, l'auteur va dans un premier temps situer la mésentente et laisser place à une brève histoire de l'idée de « résurrection des corps ». Ensuite, il va entreprendre de réhabiliter, défendre et expliciter la pensée des philosophes à ce sujet. Puis, il va élargir le champ d'analyse pour montrer la bonne foi de ceux-ci. Enfin, il pourra conclure que les philosophes sont parmi les plus respectueux envers les enseignements de la Révélation car ceux-là visent à la sagesse.
[...] A la fin de cette partie, on constate qu'Averroès a intégralement défendu les philosophes et montré que si ce n'est en la véracité des dogmes qu'ils croient, c'est dans les concepts qu'ils interprètent dans ceux-là. Il montre ainsi que les philosophes ne sont pas ennemis de la religion mais également qu'ils s'accordent à leur nature en pensant bien et en ayant foi dans la Révélation. Même s'ils sont en désaccord avec la forme, ils révèrent le fond conceptuel. Averroès, dans une troisième partie, élargit le champ d'étude tout en précisant son analyse. Il entre clairement dans la conceptualisation philosophique. [...]
[...] Là encore, il ne s'agit pas tant de la véracité des propos que des concepts qu'ils renferment. En effet, dans le monde sensible, l'homme ne peut vivre sans arts pratiques et vertus théorétiques, ou dianoétiques, soit les excellences de la pensé. Dans l'au-delà, l'homme ne pourra pas se passer des vertus théorétiques, car on peut supposer que libéré de son corps, il n'aura plus qu'à se reposer sur une pensée sans failles. Or, l'auteur nous montre que tous ces arts et vertus s'obtiennent par les vertus morales. [...]
[...] D'une part on comprend que ce serait de l'impiété, donc un refus du vrai. D'autre part, on conçoit que cela serait de la malhonnêteté intellectuelle car ce serait réfuter ce que la raison a prouvé. Les philosophes peuvent bien refuser la métaphore, soit, mais ils ne peuvent réfuter les principes généraux, modalités d'existence des enseignements recoupant les concepts qu'ils obtiennent par la raison même. Averroès donne pour exemple le fait d'adorer ou non Dieu, le fait de savoir s'Il existe ou non. [...]
[...] On comprend qu'il s'agit d'un dieu de la philosophie, sa divinité suggéré par les majuscules quand un terme se rapport à lui ou sa propriété. Là encore, Averroès nous prouve son aristotélisme car l'expression « Principe premier » n'est pas sans nous rappeler le premier principe immobile que l'on trouve dans la Physique d'Aristote. Averroès nous montre une fois de plus que les philosophes sont conciliants. En effet, ces principes ont été admis par diverses confessions, même s'ils ont des spécificités, c'est donc qu'ils doivent être vrais. Là encore les philosophes n'ont aucun intérêt à les nier. [...]
[...] Ensuite, Averroès conforte son observation en retraçant une histoire de l'idée de résurrection des corps; il montre ainsi que ce sont les religieux et les théologiens qui se sont, les premiers et le plus souvent, exprimés sur ce thème. Alors qu'est-ce que la résurrection des corps selon le Coran ? Il s'agit de l'entrée soit en Enfer, soit au Paradis du défunt après le jugement. Le Paradis est réservé aux pieux. Il est décrit comme un vaste jardin où se tiennent des arbres fruitiers sous lesquels coulent des ruisseaux et où l'on vit éternellement. [...]
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