Baudelaire jouit physiquement de la couleur, en observant les pastels de Boudin (impressionniste). Mais il reproche très vite cette plénitude de jouissance, qu'il pense être trop matérielle. Il oppose alors à cet homme matériel, un homme plus spirituel. Baudelaire reproche à Boudin le manque de la présence de l'homme dans ses pastels. Pour Baudelaire, l'objet et le sujet doivent être présents en même temps : c'est l'art pur. Chez Delacroix, la même jouissance des couleurs est présente, mais il instaure aussi dans ses tableaux une certaine mélancolie. Il serait donc moins fautif que Boudin.
Ceux qui copient la nature (les réalistes, qu'il appelle des "pseudo-réalistes", car menteurs), ne laissent pas libre cours à l'imagination, et ne représente pas les sentiments que l'on ressent lorsque l'on est en présence de la nature (la nature pourrait pourtant n'être que cela). Le réaliste croit peindre ce qui est, mais il peint en fait ce qui serait, s'il n'était pas. Le poète, par opposition, va percevoir la réalité dans son intensité. L'imagination créatrice est celle du vrai, elle est donc plus réelle que la réalité des réalistes menteurs (...)
[...] Nous avons dit souvent d'impérissables choses Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon, Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées ! Que l'espace est profond ! Que le cœur est puissant ! En me penchant vers toi, reine des adorées, Je croyais respirer le parfum de ton sang. Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées ! La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison, Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles, Et je buvais ton souffle, O douceur ! O poison ! [...]
[...] Salon de 1859. Dans son ouvrage Le peintre de la vie moderne il souligne que le peintre doit saisir l'éternité du transitoire, comme Delacroix saisit l'infini dans le fini. En même temps, il veut récuser ceux qui voudraient se contenter d'imiter la nature. Baudelaire ne prend pas dans ces conditions pour modèle ce qui est déjà beau, mais fait de la beauté avec ce qui est laid. Celui qui voudrait imiter la nature, s'attacherait à imiter ce que la nature produit de plus beau, pour lui- même produire de la beauté. [...]
[...] L'imagination permet de s'élever sans transcendance, c'est-à-dire de s'élever sans fuir. Elle ne permet pas d'échapper au réel, mais au quotidien, c'est-à-dire à l'oubli quotidien du réel. Elle permet de retrouver l'intensité du réel, que la vie quotidienne dissimule. L'artiste se détache ainsi du vide quotidien. Le Balcon Mère des souvenirs maîtresse des maîtresses O toi, tous mes plaisirs ! toi, tous mes devoirs ! Tu te rappelleras la beauté des caresses, La douceur du foyer et le charme des soirs, Mère des souvenirs maîtresse des maîtresses, Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon, Et les soirs au balcon, voiles de vapeurs roses. [...]
[...] Baudelaire ne veut pas copier la nature, mais l'exprimer (il reprend ici implicitement l'expression de Balzac). Baudelaire jouit physiquement de la couleur, en observant les pastels de Boudin (impressionniste). Mais il reproche très vite cette plénitude de jouissance, qu'il pense être trop matérielle. Il oppose alors à cet homme matériel, un homme plus spirituel. Baudelaire reproche à Boudin le manque de la présence de l'homme dans ses pastels. Pour Baudelaire, l'objet et le sujet doivent être présents en même temps : c'est l'art pur. [...]
[...] Elle est la sensibilité et pourtant il y a des personnes très sensibles, trop sensibles peut être, qui en sont privées. C'est l'imagination qui a enseigné à l'homme le sens moral de la couleur, du contour, du son et du parfum. Elle a créé, au commencement du monde, l'analogie et la métaphore. Elle décompose toute la création, et, avec des matériaux amassés et disposés suivant des règles dont on ne peut trouver l'origine que dans le plus profond de l'âme, elle crée un monde nouveau, elle produit la sensation du neuf. [...]
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