Il est courant, lorsque nous réfléchissons aux rapports que la raison entretient avec nos passions, d'adopter une position dualiste et conflictuelle. On tient pour une évidence que la raison est en nous l'organe directeur légitime de nos actions, au titre du pouvoir qu'elle confère à l'homme de réfléchir sur lui-même et d'analyser le contenu des informations fournies par ses sens, de découvrir les lois fondamentales de la nature et de dégager les principes moraux et politiques propres à conduire les hommes dans la direction du bien et de l'intérêt général. La passion, au contraire, est souvent perçue comme un facteur de perturbation et un obstacle aux délibérations rationnelles. Elle est décrite comme un désir puissant échappant au contrôle de la volonté individuelle, agissant sur elle à la manière d'un commandement impérieux, n'obéissant ni au bon sens ni aux respects des règles élémentaires de la morale (...)
[...] En tant que tableaux de la réalité, elles peuvent être vraies ou fausses, mais pas en tant qu'impressions. Une impression n'est donc, au sens propre, jamais raisonnable ou déraisonnable, même lorsqu'il s'agit d'une idée. Seules les idées, envisagées sous l'angle de leurs propriétés représentatives, peuvent être qualifiées de vraies ou de fausses, et par conséquent les jugements qui sont formulées à partir d'elles de raisonnables ou de déraisonnables. David Hume, Traité de la nature humaine. La Morale (1740), Tome III, GF-Flammarion p haut. [...]
[...] Notre intérêt immédiat, dans le premier exemple, est d'éviter la perspective immédiate de la souffrance physique ; dans le second, il est d'éviter de continuer à subir les assauts de notre conscience morale en la soulageant par un geste de générosité gratuite même excessive. Est-ce l'intérêt qui, dans les deux cas, et même s'il est mal compris ou mal calculé, pousse l'individu à agir comme il le fait ? Non. Le comportement rationnel n'est pas chez Hume un équivalent de la poursuivre de l'intérêt individuel, puisqu'il n'est pas davantage contraire à la raison que je préfère, même en connaissance de cause, un moindre bien à mon plus grand bien, et que j'éprouve une affection plus ardente pour le premier que pour le second. [...]
[...] Elle est la faculté des inférences, des associations, des comparaisons. C'est par notre raison que, devant l'enseigne d'un marchand de glace, et nous souvenant du plaisir que nous avait apporté la dernière glace achetée ici, nous concluons qu'il n'est pas dommageable d'en acheter une de nouveau. Notre raison met en rapport nos perceptions (un souvenir et une perception empirique ici en l'occurrence), examine la nature des relations qui les unit (elle fait apparaître que dans la même situation quelques temps plutôt l'achat d'une glace chez ce marchand nous avait procuré du plaisir : lien causal), et enfin elle tire des conclusions pour le futur, elle en déduit ce qui se passera si nous achetons de nouveau une glace. [...]
[...] Mais l'activité même de la raison suppose une passion, même faible, pour son utilité. Lorsque la raison formule un jugement, c'est donc toujours sous l'impulsion d'une passion pour la vérité et l'efficacité (découverte des moyens appropriés à la réalisation d'une fin), et par conséquent juger, c'est induire un rapport de forces entre la passion de rationalité et les passions ayant recours à la raison. Par l'intermédiaire de la première, il est donc possible de donner à notre raison un rôle actif de juge des secondes. [...]
[...] Les impressions des sens, tous les plaisirs et les douleurs corporels appartiennent à la première espèce ; les passions et autres émotions qui leur ressemblent appartiennent à la seconde. Poser sa main sur une plaque chauffante produit une impression immédiate de douleur, ou une sensation de douleur, qui peut soit générer immédiatement une haine (passion) de ces marchandises, soit générer du chagrin (passion) si l'on se représente (intervention d'une idée) qu'un tel accident a toutes les chances de se reproduire au moins une fois au cours de la vie. [...]
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