Est-ce qu'un élargissement des sociétés est vraiment envisageable compte tenu de la nature humaine ? Voilà la question sous-jacente à laquelle répond Bergson dans cet extrait de
[...] Voilà la question sous-jacente à laquelle répond Bergson dans cet extrait des Deux sources de la morale et de la religion. Cette question lui permet d'évoquer les disparités existantes au sein de l'espèce humaine et la grande difficulté qu'est celle de l'amour universel. L'enjeu majeur de cette interrogation est de réaliser si l'homme, d'abord fait pour vivre dans des sociétés closes compte tenu de ses dispositions naturelles, est capable de dépasser son “instinct primitif” pour aimer toute l'espèce humaine. La thèse de Bergson soutient la nécessité du passage d'une société close à une société cosmopolite, qui dépasse la notion d'humanité. [...]
[...] La réponse de Bergson se porte tout d'abord sur la religion, périphrasée par qui nous invite à aimer le genre humain. La religion permet à travers un même lien spirituel de recomposer cette humanité fractionnée. L'expression Dieu” souligne que cette attitude relève d'une certaine inclinaison à la spiritualité . Comment assurer alors l'amour entier de l'humanité si le sujet est athée ? Sans doute pour pallier l'absence de convictions religieuses chez certains sujets, phénomène apporté par la laïcisation des sociétés, Bergson utilise une analogie d'un autre genre: la Raison. [...]
[...] Il se décline en langues, métaphorisées ici par la religion et la philosophie. A ce point du texte, nous pouvons établir un parallèle avec le texte de Lévi-Strauss intitulé Race et Histoire. Bien que postérieure au présent extrait, il peut permettre un éclairage neuf sur la question des sociétés et de l'espèce humaine. Lors de ce texte, Levi-Strauss présente plusieurs attitudes face à la diversité culturelle. La première étant le “relativisme culturel” ou le rejet systématique de ce qui est différent de nous appelé “barbare”. [...]
[...] Comme le résume la ligne 9 avec la métaphore du chemin, on se dirige sans hésitation vers notre famille et nos proches, comme poussé par un élan. L'amour de l'humanité, lui, est marqué par l'opposition entre les verbes et . demande une certaine volonté et donc des arguments qui pousseraient le sujet à se mouvoir. Cette première partie du texte a permis d'isoler deux versants de ce problème : l'amour des proches résulte d'un mouvement instinctif, de la volonté de se protéger contre les autres sociétés. L'amour de l'humanité est, quant à lui, une voie plus tortueuse, qui demande un effort dans sa réalisation. [...]
[...] Bergson souligne l'idée de scission entre les hommes. On distingue ainsi deux types différents : ceux avec lesquels on vit, avec qui nous formons donc une société, et le reste, ceux que - malgré leur appartenance sous- entendue au genre humain - nous n'acceptons pas dans notre groupe ; attitude qui semble partagée par les sociétés adverses puisque celles-ci adoptent une attitude agressive. Cet amour que l'on ressent pour les hommes avec qui nous cohabitons est favorise par la fracture existant entre les hommes. [...]
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