Quand nous contemplons une oeuvre d'art, elle est déjà achevée. Elle s'expose dans sa perfection finale, sans dévoiler sa genèse. Si bien que nous pouvons croire qu'elle est d'emblée apparue comme telle à l'artiste. D'autant plus que l'artiste efface soigneusement toute trace de labeur pour ne livrer au regard que la dernière étape de sa production.
Mais cette conception de la création comme découlant "magiquement" d'une inspiration divine, conception encore largement répandue de nos jours, n'est-elle pas une illusion qui dissimulerait ce que la création a de "terrestre" ? (...)
[...] En effet le jugement émane de l'individu et lui permet de se dégager des modèles véhiculés par sa mémoire. L'homme capable d'autocritique sera du même coup celui qui sera en mesure de se libérer des idées préconçues et d'avancer, d'innover réellement, en étant pleinement conscient de sa liberté créatrice. Le créateur, l'artiste, c'est par excellence le surhomme celui qui au terme d'un dépassement de l'hypocrisie et des fausses valeurs de la société, réussit à devenir ce qu'il est deviens ce que tu es nous dit Nietzsche). [...]
[...] Nietzsche laisse entendre qu'il s'agit là de mensonge intéressé les artistes ont quelque intérêt , l.1 sans nous en dire plus quant à cet intérêt. On peut cependant tenter une explication ; la plus immédiate serait que les artistes et les penseurs entretiennent ainsi leur aura et se placent eux- mêmes sur un piédestal qui leur confère un statut exceptionnel, ce qui leur permet de s'octroyer quelques privilèges : excentricité, caprices, admiration de la foule, accès direct au vrai, au beau, etc. [...]
[...] L'imagination n'est que la première étape, la moins importante, du processus créateur. Pour créer il ne faut pas se laisser aller au contraire il faut penser. Nietzsche généralise enfin sa thèse à l'ensemble des grands hommes mettant une dernière fois l'accent sur le jugement et pas seulement sur l'invention. Si l'œuvre d'art ou de pensée n'est pas donnée d'emblée, c'est qu'elle est issue de l'homme seul. Mais l'homme tel qu'il est n'est qu'humain, et trop humain selon Nietzsche. L'homme doit être dépassé. Dépassé par lui- même. [...]
[...] Quant à celui est moins sévère dans son choix et s'en remet volontiers à sa mémoire reproductrice, il pourra le cas échéant devenir un grand improvisateur ; mais c'est un bas niveau que celui de l'improvisation artistique au regard de l'idée choisie avec peine et sérieux pour une oeuvre. Tous les grands hommes étaient de grands travailleurs, infatigables quand il s'agissait d'inventer, mais aussi de rejeter, de trier, de remanier, d'arranger. NIETZSCHE Humain, trop humain, Pourquoi selon vous les artistes auraient-ils intérêt à ce qu'on croît à leurs prétendues inspirations ? Pourquoi Nietzsche évoque-t-il l'exemple de Beethoven ? [...]
[...] Il ramène en effet cela à une improvisation sans grande valeur ; l'artiste qui a une idée de génie à la seconde et qui réalise ses œuvres sur-le-champ ne se rend pas compte qu'il ne fait que reproduire du déjà vu, et que sa prétendue inspiration ne lui vient pas du ciel mais simplement de sa mémoire reproductrice celle-ci lui présentant des idées venant des autres comme étant les siennes. Notre auteur montre alors que ce bas niveau que constitue l'improvisation artistique découle en fait de l'indulgence du mauvais artiste au regard de sa production. [...]
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