Michel Foucault s'est rendu célèbre pour son annonce de la « mort de l'homme », et cette formule renvoie directement à une « provocation » nietzschéenne, laquelle pensée serait justement mise à profit par l'intellectuel français et conduite jusqu'à ces dernières conséquences. On parle également de structuralisme pour dénommer la pensée de Foucault, signifiant par là, d'abord et avant tout, un abandon des grands principes en faveur d'un rattachement à la tradition de l'empirisme, le refus d'un sujet fondateur, comme le cogito cartésien ou le « Je » transcendantal de Kant. Si l'homme pensant est désormais contraint d'accepter sa dimension historique, l'histoire ne devient pas pour autant une forme « hypostasiée » de la connaissance telle qu'on pouvait la rencontrer chez Hegel. Cette fameuse disparition du sujet, Michel Foucault prouvera par la suite qu'elle ne saurait être à l'origine d'un nouveau savoir systématique, en faisant renaître la souveraineté éthique du moi de la philosophie antique, dans la réappropriation de la conduite de sa vie du Souci de soi . Ainsi, l'œuvre de l'auteur ne peut être classée facilement en philosophie comme dans les sciences humaines ; elle se signale incontestablement par un refus de la facilité et des évidences partagées, la nature de la réalité ne pouvant être saisie globalement, mais demande plutôt à être pensé par étapes successives, en tachant de donner du sens à des discours fractionnés et épars.
[...] On comprend dès lors que la sexualité va changer de registre : passer de la sphère particulière et privée à une affaire publique relevant désormais de sa police, au sens large du terme. S'interroger sur la vie sexuelle, pose cette question du discours sur et de ses intentions, et nous conduit à valider, dans un premier temps, l'« hypothèse répressive En effet, l'histoire du peuplement de l'Europe connaît un bouleversement en raison d'un fort accroissement démographique, lui-même dû en grande partie au développement de l'économie libérale et industrielle, de ses exigences sans cesse accrues en main-d'œuvre. [...]
[...] C'est ainsi que les spécialistes des sciences humaines et médicales du XIXe, bien qu'étant justement amenés à le faire, s'excusent d'en parler. À l'opposé de cette attitude, à l'époque contemporaine dite de la révolte de la jeunesse, on en parle de manière éhontée et emphatique, comme si cette attitude déjà, à elle seule, serait capable de réaliser toutes les promesses contenues dans la libération sexuelle : espoir qui, en grande partie réalisé, n'a pas pourtant transformé véritablement la société ainsi que les prophètes libertaires l'attendaient, mais nous y reviendrons plus loin. [...]
[...] Que dire alors du pouvoir ? Une influence normalisante et complexe : Par pouvoir, il me semble qu'il faut comprendre d'abord la multiplicité des rapports de force qui sont immanents aux domaines où ils s'exercent, et sont constitutifs de leur organisation ; le jeu qui par voie de luttes et d'affrontements incessants les transforme, les renforce, les inverse Il faudrait parler de jeux de pouvoir, de réseaux disséminés d'influence et sans cesse actifs. Le pouvoir est loin de se réduire au seul appareil institutionnel, c'est là un point capital dans la démarche d'éclaircissement de l'auteur : Omniprésence du pouvoir, non point parce qu'il aurait le privilège de tout regrouper sous son invincible unité, mais parce qu'il se produit à chaque instant, en tout point, ou plutôt dans toute relation d'un point à un autre. [...]
[...] À la fois chassé, dénié et réduit au silence. Non seulement ça n'existe pas, mais ça ne doit pas exister et on le fera disparaître à la moindre manifestation -actes ou paroles À propos de la question sexuelle, il convient d'établir la distinction entre l'interdit qui relève de la loi et la répression qui se manifeste en premier lieu comme la volonté de taire les faits et de nier l'existence d'une partie de la vie sexuelle, celle de l'enfant par exemple. [...]
[...] La nouvelle classe dominante ne peut pas être définie par un refus du corps, mais au contraire elle veut se distinguer par sa vigueur et sa santé, en accord avec le souci d'améliorer la race Sur ce point, elle se distingue d'une noblesse négligente à cet égard, et d'un prolétariat mal nourri et mal soigné surtout au début du XIXe siècle. Par la suite, le besoin d'améliorer les conditions de vie s'imposera face à la nécessité d'avoir une main d'œuvre de qualité, et de la sorte, cet idéal de santé sera transmis aux classes laborieuses. [...]
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