Histoire et progrès

Résumé du document

Ce document est un panorama problématisé des principales thèses philosophiques se rapportant à l'histoire.
L'histoire est une notion polysémique. En tant que matériau brut elle désigne ce qui a lieu dans le temps, aussi bien les faits passés que le devenir. En tant que science, elle peut aussi faire référence à la connaissance que l'on a du passé et des évènements s'inscrivant dans le temps. Enfin l'histoire désigne un récit vrai ou faux qui ne se donne par la vérité et l'objectivité pour obligations.
Ces significations, en apparence complètement différentes, sont pourtant reliées entre elles. L'histoire en tant que science n'est pas un simple énoncé de faits mais une mise en forme complexe de l'histoire-matériau. Problématique, contestable, cette science qui vise à l'objectivité exige une réflexion et une interprétation, et ses modalités sont soumises aux caractères d'une époque : ainsi l'histoire a changé dans son contenu et ses méthodes au cours du temps.

Extraits

[...] Rosanvallon quant à lui étudie l'histoire des idées politiques. L'historien n'est donc pas un simple collectionneur de faits et doit, pour définir un axe d'analyse, s'interroger sur le sens de l'histoire, c'est-à-dire sur sa signification mais aussi sur sa direction. C'est alors que le regard que la philosophie porte sur l'histoire intervient dans l'interprétation des faits (par exemple les controverses entre les théoriciens quant à la valeur de la Révolution française ont considérablement influencé la façon dont elle est racontée). [...]

[...] Cette science a même un coût psychologique élevé : elle désacralise et désenchante un ordre présent qui en devient contestable. Cela explique que même après l'avènement de l'histoire en tant que science, des interprétations légendaires du passé, plus arrangeantes que le réel, perdurent. Néanmoins, de nos jours, la finalité mythique de cette histoire non scientifique a parfois été remplacée par une finalité politique. Ainsi la propagande présente une histoire déformée, non objective de l'histoire afin de conforter une doctrine, un ordre politique particulier (le Protocole des sages de Sion des nazis présente un complot juif mondial). [...]

[...] A La connaissance historique L'histoire est une notion polysémique. En tant que matériau brut elle désigne ce qui a lieu dans le temps, aussi bien les faits passés que le devenir. En tant que science, elle peut aussi faire référence à la connaissance que l'on a du passé et des évènements s'inscrivant dans le temps. Enfin l'histoire désigne un récit vrai ou faux qui ne se donne par la vérité et l'objectivité pour obligations. Ces significations, en apparence complètement différentes, sont pourtant reliées entre elles. [...]

[...] Quant à l'histoire en tant que récit, elle a longtemps tenu lieu d'histoire en tant que connaissance du passé. La connaissance de leur passé a de tout temps été pour les hommes un objet de curiosité universelle : en effet le passé nous constitue en tant qu'individu ou société, permet de prendre conscience d'une identité, est signe d'une continuité dans le temps, et par ailleurs on peut déchiffrer le présent à l'aune du passé. Depuis l'émergence de la parole (100000 BC) les hommes se racontent leur histoire ; pourtant pendant la plus longue période de l'histoire de la civilisation humaine ce récit de l'histoire ne s'encombrait pas d'un souci d'objectivité, de scientificité. [...]

[...] Si la perception de l'histoire qu'a Hegel peut être assimilée à la perception qu'ont les classiques de l'économie, on peut néanmoins y reconnaître une ascendance du millénarisme marxien et même une justification de la révolution léniniste (car si la révolution doit inévitablement advenir, pourquoi ne pas la précipiter La thèse de Hegel, qui affirme de façon dogmatique une foi en le progrès, comporte une dimension providentialiste, presque religieuse, qui détonne avec les premières analyses de l'histoire, rigoureuses et scientifiques, et anéantit les efforts mis en œuvre pour détacher l'histoire du mythe. Si le mythe ne tient plus lieu d'histoire, celle-ci fait pour Hegel l'objet d'une représentation mythique Bibliographie indicative Le sens du progrès : Une approche historique et philosophique de Pierre- André Taguieff Ed. [...]