La Vie heureuse - Sénèque (58 apr. J.-C) - Comment chercher le bonheur ?

Thèmes abordés

Raisonnement personnel, conditions de recherche, bonheur, éthique, sagesse, quête du bonheur, préoccupations humaines, raison, Philosophie, croyance, bien et mal, pédagogie, vie

Résumé du document

Dans cet extrait de La Vie heureuse, Sénèque, philosophe stoïcien, s'interroge sur la recherche du bonheur. Selon lui, le bonheur ne peut être atteint que par une sollicitation constante et personnelle de sa raison, c'est-à-dire par la pratique de la philosophie. Cette thèse est le fil conducteur du passage que nous allons étudier.

En quoi la recherche du bonheur est-elle au centre des préoccupations humaines ? Quelle démarche doit-on effectuer pour prétendre à une vie heureuse ? Quelle attitude faut-il avoir vis-à-vis de cette recherche ?

Extraits

[...] Afin de ne pas se perdre, il convient de se fier à quelqu'un d'« expérimenté », déjà engagé sur la voie du bonheur et qui peut donc indiquer le bon chemin, comme le ferait un guide ou une bonne carte routière [pour reprendre la métaphore filée depuis le début du texte]. Ce guide suggéré par Sénèque, c'est le philosophe. Afin d'illustrer et éclairer ses propos, Sénèque utilise la métaphore du voyage. Dans un voyage matériel, il est possible de trouver sa route en demandant au premier venu quel est le chemin qu'il a l'habitude d'emprunter. [...]

[...] Autant de questions que se pose Sénèque dans le début de son essai. Il commence par souligner la nécessité de chercher le bonheur sans se précipiter ; puis il expose les conditions à remplir pour mener à bien efficacement cette recherche. Enfin, Sénèque témoigne de l'écueil le plus fréquent de la quête du bonheur. La recherche du bonheur requiert l'usage de la raison [lignes 1 à 13] Tout d'abord, Sénèque estime nécessaire de mettre en lumière la raison pour laquelle il est essentiel de se détacher de la manière commune et traditionnellement admise de rechercher le bonheur. [...]

[...] Dans la phrase suivante, Sénèque concède que cette quête du bonheur n'est pas du tout une chose aisée, et que le pire est de se précipiter. Afin de clarifier son propos, le philosophe utilise l'image d'un chemin à emprunter. En effet, ce n'est pas par rapidité, impatience et choix spontanés que l'on arrive au bout d'un sentier, si l'on a pris dès le départ une mauvaise direction. Bien au contraire, dans un tel cas l'on s'éloigne très vite de son objectif. [...]

[...] Cette capacité d'exercer un jugement raisonné est souvent ce qui fait défaut aux hommes. Les dangers de l'imitation de la foule : l'obstination dans la croyance et le rejet de la philosophie [l.20 à 33] À partir de la ligne 20, cette tendance commune à suivre le mouvement sans s'interroger est considérée par Sénèque comme aussi dangereuse que douloureuse : elle « nous jette en d'inextricables misères » [l.20]. Et pourtant, les individus ont tendance à persévérer dans cette voie qui préfère l'imitation de la foule à la réflexion. [...]

[...] Ainsi, pour Sénèque, la recherche du bonheur s'apparente à un calcul, à une estimation, qui n'est autre que l'exercice du jugement. Après avoir exposé les dangers d'une trop grande précipitation dans la recherche du bonheur, Sénèque ne néglige pas pour autant le risque inverse, à savoir celui de trop hésiter. Des lignes 10 à 13, Sénèque montre qu'un excès de prudence et de réflexion nuit à l'action, et n'est en cela guère mieux qu'une trop grande précipitation. En effet, dans la recherche du bonheur, il convient de garder une dynamique, ce que le nom « recherche » rappelle. [...]