La science et la philosophie ont longtemps été inséparables. Dans l'Antiquité, Aristote, fondateur de la réflexion logique, a su élaborer une science de l'«être», à l'origine de la métaphysique. Avec l'apparition des sciences expérimentales, la philosophie et la science se sont éloignées. La science a entrepris de dépasser le rêve cartésien, en devenant « maitre et possesseur de la nature » alors que la philosophie s'inscrit dans une quête de sagesse, à partir de la réflexion et du questionnement. Ici, Heidegger oriente son texte autour d'une phrase qui sera le thème de notre explication : « la science ne pense pas ». Nous allons voir qu'il est nécessaire de remettre en cause le sens du verbe « penser ». Comment est-il perçu par Heidegger ? S'agit-il d'une opposition entre la science et la philosophie ? Ce texte commence par une phrase accrocheuse, que Heidegger va développer. (...)
[...] Selon lui, cette branche de la philosophie qui a pour objet d'expliquer la nature ultime de l'être s'est construite en privilégiant l'étant, et a débouché sur l'égocentrisme et l'individualisme, au détriment du développement de la science qu'est la métaphysique. Pour conclure, Heidegger ne demande rien à la science, elle est dans son domaine. Mais s'intéresser à l'être lui permettrait de progresser, de sortir des catégories établies. Il s'interroge sur le fonctionnement de la science et sa manière de penser. Heidegger ne s'inspire-t-il pas d'une certaine manière de l'Antiquité, où science et philosophie coexistaient et étaient étroitement liées ? [...]
[...] La science ne pense donc pas, elle ne peut même pas penser dans ce sens avec ses méthodes. Je ne peux pas dire par exemple avec les méthodes de la physique, ce qu'est la physique. Ce qu'est la physique, je ne peux le penser à la manière d'une interrogation philosophique. La phrase la science ne pense pas n'est pas un reproche, mais c'est une simple constatation de la structure interne de la science : c'est le propre de son essence que, d'une part, elle dépend de ce que la philosophie pense, mais que d'autre part, elle oublie elle- même et néglige ce qui exige là d'être pensé Introduction : La science et la philosophie ont longtemps été inséparables. [...]
[...] Si Heidegger dit que la science ne pense pas, c'est qu'il attribue un sens spécifique au mot penser. Il s'agit plutôt de penser au sens de questionnement. En effet, la science a eu tendance, au cours du 20ème siècle, et même de nos jours, à vouloir absolument tout connaitre et tout expliquer. En fait, dans cette réflexion, ce ne sont pas les personnes, scientifiques contre philosophes qui sont visés, mais plutôt les démarches intellectuelles mises en œuvre dans les deux disciplines. [...]
[...] Ici, en disant que la science ne pense pas, Heidegger montre que la science s'est construite en privilégiant l'étant au lieu de l'être. La science pense avec ses méthodes, mais ne pense pas en terme de questionnement. La science oublie l'être, n'étudie pas les choses dans toutes ses dimensions, a tendance à privilégier l'étant. La science ne doit pas oublier l'origine de toute chose, et peut alors étudier l'espace, le temps, le mouvement, que si elle a pris conscience de ce que sont ces phénomènes. [...]
[...] Heidegger précise bien qu'en disant que la science ne pense pas, il ne s'agit pas d'un reproche ».Elle appréhende le réel, la nature, afin de pouvoir agir. Heidegger nous dit qu'en faisant cela, la science façonne la nature, le réel, mais ne s'intéresse pas à l'être, en tant que tel, de ce qu'est la nature ou le réel. C'est pour cela que la science a besoin de la philosophie pour avancer et trouver un souffle nouveau. On doit penser la science à la manière d'un philosophe. [...]
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