Dans le présent extrait, Hegel a l'intention de poser le problème du pouvoir (au sens de capacité) : l'homme est doué de conscience et de volonté. Il pense pouvoir influer sur la réalité et orienter son avenir à sa guise. Malheureusement, il n'est pas omniscient et ne peut réellement tout prévoir. La réalité n'est pas son terrain de jeu, comme il serait tenté de le croire !
Selon l'auteur, même si un homme a conscience des tenants et aboutissants de ses actions, son point de vue est forcément biaisé par ses intérêts, et c'est dans la plus grande stupéfaction qu'il devra assumer moralement et juridiquement, des conséquences dramatiques qu'il n'avait pas du tout envisagées.
Si l'auteur a raison, alors l'homme averti et prudent aura d'autant plus tendance à refuser de s'impliquer de plus en plus dans l'action, il renoncera même à devenir homme d'action, de peur du "choc en retour".
On pourrait lui opposer la thèse selon laquelle, il faut bien distinguer les conséquences directes et indirectes, ne pas faire porter à l'homme la responsabilité de ce qu'il n'a pas voulu, au risque d'abuser des circonstances atténuantes.
Commençons par dégager la structure argumentative du texte : l'auteur commence par distinguer les mobiles d'une action, de ses conséquences en partie imprévisibles. L'écart entre les conséquences en partie imprévisibles. L'écart entre les conséquences attendues d'une action et les dommages collatéraux qui s'ensuivent, est illustré par un cas de vengeance qui dégénère en drame. Hegel analyse l'acte accompli dans sa totalité : il est composé d'une stratégie élaborée par son auteur (la vengeance), des aspects totalement imprévus (les victimes innocentes) et d'une dimension matérielle (la propagation de l'incendie). L'auteur généralise la portée de son exemple : dans toute action, il y a une dimension matérielle qui provoque des réactions en chaîne dont il faudra répondre alors même qu'on ne les avait pas prévues (...)
[...] L'homme ne maîtrise pas toutes les conséquences de ses actes, il joue avec le feu comme on le dit couramment. Mais loin de se contenter d'illustrer un banal proverbe, Hegel distingue bien la personne qui par immaturité et absence de réflexion va provoquer une catastrophe, et d'autre part, la personne qui avait des intentions légitimes, et qui non seulement a été victime une première fois de la personne dont elle voulait se venger, et qui va être victime une seconde fois en allant en prison, rongé par le remords d'avoir provoqué la mort de ses voisins (on peut se reporter à la dernière expression du texte un choc en retour qui le ruine Tout se passe comme si une sorte de destin s'acharnait contre la personne. [...]
[...] L'exemple montre encore que la substance de l'action et par la suite l'action elle-même se retourne contre celui qui l'a accomplie, elle devient pour lui un choc en retour qui le ruine. G.W.F. HEGEL (1770-1831) Leçons sur la philosophie de l'histoire (1837) Dans le présent extrait, Hegel a l'intention de poser le problème du pouvoir (au sens de capacité) : l'homme est doué de conscience et de volonté. Il pense pouvoir influer sur la réalité et orienter son avenir à sa guise. Malheureusement, il n'est pas omniscient et ne peut réellement tout prévoir. La réalité n'est pas son terrain de jeu, comme il serait tenté de le croire ! [...]
[...] Ceci n'était compris ni dans l'action générale, ni dans l'intention de celui qui entreprit l'affaire. L'action renferme encore une autre détermination générale ; comme but de l'auteur, ce n'était qu'une vengeance contre un individu dont il s'agissait de détruire la propriété ; mais c'est de plus un crime qui comprend encore le châtiment. Cela a pu ne pas se présenter à la conscience, moins encore être la volonté de l'auteur ; cela dit, c'est son acte en soi, en ce qu'il a de général, de substantiel. [...]
[...] Pour l'auteur il n'en est pas question châtiment cela a pu . cela dit . car on ne peut pas dissocier l'acte de l'agent c'est son acte en soi Sinon plus personne ne répondrait de ses actes et tout le monde pourrait dire : je n'avais pas conscience de . La juste vengeance n'autorise pas qu'on désobéisse à la loi. Et on voit que si Hegel a choisi cet exemple, c'est que dans notre esprit «justice» = vengeance des préjudices subis». [...]
[...] Même si elle est sympathique et que sa vengeance était justifiée, il n'en demeure pas moins que c'est bien elle qui devra répondre de cet incendie . L'auteur prend la peine de bien nous décrire la propagation de la flamme depuis la poutre jusqu'à la charpente puis de maison, car il veut mettre l'accent sur le caractère mécanique d'une action qui pourtant n'avait de raison d'être que mentale (vengeance). Un autre exemple connu de tous est celui de la rupture de la chaîne alimentaire: régulièrement, l'homme décide, dans son intérêt à court terme, de se débarrasser de nuisibles, mais ce faisant, une autre espèce prolifère puisqu'elle est débarrassée de ses prédateurs naturels. [...]
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