Commentaire de Philosophie d'un extrait tiré du prologue de Condition de l'homme moderne, d'Hannah Arendt. Elle évoque dans ce texte la question fondamentale du travail : aspect fondamental de la condition humaine mais aussi fardeau dont l'homme, a travers les époques, a essayé de se débarrasser. Avec l'avènement de l'automatisation, Arendt s'interroge sur les conséquences néfastes qu'une perte de la valeur du travail dans la société actuelle pourrait entrainer.
[...] Alors dans une société de travailleurs sans travail, quel devenir pour l'homme ? [...]
[...] Avec l'apparition de techniques nouvelles, l'homme semble être sur le point de pouvoir définitivement se débarrasser du fardeau que représente le travail. Mais Arendt nous montre que le travail est aussi vieux que la révolte qui prétend conduire à sa destruction, mais surtout que le travail est nécessaire, et encore plus depuis la glorification théorique du travail. D'autant plus que selon elle, si le travail vient à disparaitre, l'homme sombrera dans l'abrutissement. C'est pour elle ce qui pourrait nous arriver de pire. [...]
[...] Aristote disait que "les ingénieurs n'auraient pas besoin d'exécutants, ni les maîtres d'esclaves " si " les navettes tissaient d'elles-mêmes et les plectres jouaient tout seuls de la cithare." Le paradoxe de la lutte perpétuelle entre travail et liberté, est considéré par Arendt comme aspect fondamental de la condition humaine, et est profondément remis en cause par l' automatisation et le progrès scientifique et technique qui permettent aujourd'hui aux navettes et aux plectres d'Aristote de tisser et de jouer d'eux même, sans la main, ou le travail, de l'homme. L'époque des esclaves grecs ou relatifs à l'époque colonialiste est révolue mais l'homme a enfin trouvé une force à soumettre et qui ne se révoltera jamais : la machine. En ça, l'époque moderne a réalisé le rêve de toutes les époques. [...]
[...] Mais le travail est aussi, paradoxalement, la tâche nécessaire que l'homme a toujours cherché à supprimer. Arendt prend ici l'exemple de l'affranchissement comme privilège, comme à l'époque de la Grèce antique. Le retour de l'esclavage à l'époque colonialiste par les pays occidentaux montre aussi cette dynamique de suppression des besognes pénibles, rejetées sur d'autres. Dans une société redessinée, l'homme est en passe de parvenir à se libérer de l'« asservissement à la nécessité L'idée d'asservissement est importante. Le travail est considéré comme une contrainte, un fardeau dont l'humanité à travers toutes les époques, a essayé de se débarrasser. [...]
[...] Mais Hannah Arendt nous met en garde contre les dangers de cette suppression de la valeur travail, qui sous-entend bien plus qu'un simple moyen vers le bonheur : une place et une hiérarchie dans la société contemporaine. Le travail est le fardeau le plus ancien et le plus naturel de l'humanité. Après la chute d'Adam et Eve du jardin d'Eden, Dieu a déclaré : Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front. Ainsi dès les prémisses de l'humanité, l'homme se révèle être, pour l'Eglise catholique, un être condamné au travail. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture