La politique était d'un grand intérêt pour les Athéniens et elle joue un rôle de premier ordre dans l'oeuvre de Platon qui croyait fermement à la mission du philosophe au sein de la Cité. Or, en 399 av. J-C, c'est la condamnation à mort de Socrate ! Pas de place pour lui dans une cité injuste et corrompue où le pouvoir est aux mains, non du véritable politique, mais de ceux qui savent flatter le peuple pour l'amener à prendre les décisions dictées par leur ambition. C'est dans ce contexte que cet extrait du Gorgias met en cause la rhétorique, cet art du discours qui permet de faire triompher n'importe quelle idée par le seul pouvoir des mots (...)
[...] La vie publique de Platon doit cependant nous faire réfléchir face à de telles espérances. Ne fut-il pas vendu comme esclave ? Quant à la mort de Socrate, elle peut être comprise comme la résultante des dysfonctionnements du langage ; ce qui met en lumière les difficultés d'une telle entreprise. Faut-il pour autant se résigner et accepter le charme, le faux- semblant et l'illusion entretenus par les Sophistes ? La force des mots est celle d'une magie au service de toute l'humanité. [...]
[...] N'y a-t-il pas dès lors un danger réel de la rhétorique ? Ne peut-on pas imaginer cette technique au service de n'importe quel pouvoir ? La philosophie est une forme de pensée qui s'explicite dans les mots, ce qui fait du langage le lieu privilégié de son déploiement. Mais les mots permettent aussi de dire n'importe quoi et de soutenir n'importe quelle idée. L'orateur de talent en impose par son art de flatter l'attente de son auditoire. A ce titre seul le vraisemblable suffit pour obtenir la fin recherchée. [...]
[...] Or, en 399 av. c'est la condamnation à mort de Socrate ! Pas de place pour lui dans une cité injuste et corrompue où le pouvoir est aux mains, non du véritable politique, mais de ceux qui savent flatter le peuple pour l'amener à prendre les décisions dictées par leur ambition. C'est dans ce contexte que cet extrait du Gorgias met en cause la rhétorique, cet art du discours qui permet de faire triompher n'importe quelle idée par le seul pouvoir des mots. [...]
[...] La Cité est alors divisée en manipulateurs et en manipulés et même si parfois les rôles sont inversés, ce sont toujours les manipulateurs qui contraignent l'autre catégorie. Le pouvoir des mots parachève ainsi l'aliénation par l'argent. Le langage est peu à peu devenu une marchandise, à la fois article de vente et argument de vente au même titre que tous les autres vecteurs socio-économiques avec cependant ce privilège qu'il possède de médiatiser et de hiérarchiser ces derniers. Tel est bien le risque de la médiacratie que dénonçait Platon dans cet extrait. [...]
[...] Maniant l'apparence, l'orateur ne peut certes rendre aucun des services que les spécialistes peuvent prodiguer, mais il est capable, par la seule force de conviction, de plier à son profit égoïste l'activité des gens compétents. Même si le discours de l'homme de métier est fondé en vérité, il n'est pas pour autant persuasif car la persuasion entraîne l'adhésion de tout l'être alors que l'argumentation rationnelle ne touche que l'intelligence. Le discours de Gorgias se nourrit toutefois seulement d'exemples et non de preuves. [...]
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