Dans cet extrait du Gorgias, Platon expose sa conception du dialogue et pose les conditions d'un dialogue fécond.
Dans une première partie (L. 1 à 17), Socrate déplore que la dispute et l'incompréhension mutuelle tiennent très souvent place de dialogue. Il montre ensuite (L. 18 à 26) que le dialogue n'est possible que si les interlocuteurs s'entendent sur ses principes avant d'insister dans une troisième partie sur le rôle essentiel de la réfutation. La thèse du texte est qu'un véritable dialogue doit être recherche commune de la vérité ce qui suppose que les interlocuteurs se mettent préalablement d'accord sur certains principes de discussion (...)
[...] Mais le dialogue peut-il produire autre chose que la réfutation des idées fausses? Peut-il aussi conduire à la production d'idées vraies? La dialectique socratique en effet déconstruit les opinions mais peut- elle être productrice de vérité? Il est vrai que les dialogues socratiques de Platon n'arrivent jamais à atteindre cette définition universelle et la dialectique socratique a pu être vue par certains comme quelque chose d'irritant, déconcertant ou même humiliant pour ceux dont l'ignorance était manifeste, sans arriver réellement à atteindre cette présumée définition universelle qui était cherchée. [...]
[...] Socrate en fait l'aveu lorsqu'il menace Gorgias de rompre la discussion s'il n'accepte pas ses conditions. Que faire alors devant celui qui est dans la passion et la violence des opinions s'il est inutile de discuter avec lui? [...]
[...] Apparemment, la réfutation est source de douleur (humiliation): le bien apparent est celui de la victoire. Mais l'âme qui est dans l'erreur est pour Socrate comme le corps malade. Le remède (le médicament pour le corps, la réfutation pour l'âme) peut-être douloureux, mais il est salvateur. Le plus grand des biens est d'être délivré de l'opinion fausse, la fin visée est donc une âme plus juste. La première phase du dialogue selon Socrate est donc la remise en cause des ses certitudes. [...]
[...] La discussion entendue comme dialogue est donc plutôt une libération réciproque. Je réfute et je suis réfuté. Les deux vont de pair, parce que dialoguer c'est changer l'autre et se changer. Le dialogue s'il n'est pas à lui seul source de vérité met au moins en condition d'accéder au vrai. En conclusion, Socrate, sous une apparence descriptive, fixe les normes du dialogue. L'interlocuteur doit jouer le jeu et accepter de définir ce dont il parle, de parler avec cohérence et de soumettre ses opinions à la réfutation. [...]
[...] La définition des termes est la condition d'un dialogue fécond, qui arrive à une conclusion ayant instruit tous les participants au dialogue. Le cas échéant, le dialogue ne peut être que le déchaînement des passions (l13- et Socrate décrit l'attitude passionnelle de ceux qui ne savent pas de quoi ils parlent. Que voyons-nous le plus souvent? Des conflits de personnes qui se fâchent, cherchent chicane, sont centrées sur elles-mêmes et sur leurs intérêts, sont donc animées par des passions (l'envie, la crainte, l'ambition). [...]
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