Hegel se propose de construire un système complet du savoir, à l'intérieur duquel les fragments ne sont jamais isolés, mais dialoguent avec le tout. Ainsi, la section consacrée à l'art romantique constitue le troisième et dernier grand moment du développement de l'art, c'est-à-dire de la représentation sensible de l'absolu. L'absolu, c'est l'esprit prenant conscience de son caractère illimité. Or, cette prise de conscience est le résultat d'un processus historique, si bien que la philosophie de l'art apparaît comme inséparable de la philosophie de l'histoire. Quand nous aurons cerné la place de l'art romantique dans le système hégélien à travers la logique dialectique qui lui est propre, nous nous demanderons comment l'esprit absolu s'épanouit dans la découverte de sa propre infinité, s'ouvre sur le monde extérieur pour finalement revenir à lui-même et établir un tel écart avec la réalité accidentelle qu'il condamnera le projet même de l'art : la représentation sensible de l'absolu.
[...] L'art est plus subjectif que jamais et ouvre la voie à l'expression sans retenue de l'imagination des artistes. De cette imagination surabondante naît le comique subjectif ; ce mode d'expression caractérise la dernière forme de l'art romantique. Marie de Gandt, qui identifie le comique subjectif de Hegel à l'ironie romantique décrite par August Wilhelm von Schlegel dans son Cours de littérature dramatique, montre que le philosophe est encore une fois tributaire du courant artistique dont il fait la critique : [ ] Hegel est romantique, non parce qu'il s'inscrit dans son époque, mais parce qu'il en partage la lecture du comique, qui est, bien plus que le solipsisme sentimental, la notion autour de laquelle s'érige le programme des romantismes européens. [...]
[...] Il ne s'agit pas de regretter cet aboutissement qui ne relève pas du malheur du temps, mais de la marche nécessaire de l'art. L'art a objectivé la subjectivité de l'esprit en y revenant, faisant disparaître ce qu'elle avait de mystérieux. Maintenant que l'art a mis au jour toutes les idées enfouies dans la conscience humaine, sa mission est terminée. C'est la science et la philosophie qui permettront aux contemporains de Hegel et à leurs descendants de chercher à satisfaire leur curiosité et leurs besoins spirituels. [...]
[...] La fidélité du chevalier envers son seigneur révèle une telle universalité sans mettre en cause la subjectivité et l'indépendance romantiques. En effet, le vassal s'attache au suzerain par libre choix. Dans Le Cid, Don Rodrigue est aussi fidèle au roi, mais avant tout à luimême, si bien qu'il est prêt à retirer son aide précieuse si le souverain l'offense. À travers les trois sentiments dominants, la liberté de la personnalité apparaît comme le principe fondamental de la chevalerie : Le cœur de l'homme s'ouvre à des intérêts toujours plus vastes et plus riches, et, en même temps, il reste toujours en harmonie avec lui-même. [...]
[...] Comme le remarque Bernard Bourgeois, un commentateur du XXe siècle, Hegel décrit même l'art postromantique par des traits qui reflètent assez bien l'art contemporain HEGEL Friedrich, Esthétique ; Textes choisis, op. cit., p BOURGEOIS Bertrand, Le Vocabulaire de Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Paris, Ellipses p BIBLIOGRAPHIE BERTHELOT René, Goethe et Hegel in Études sur Hegel, Paris, Armand Colin pp à 136. BOURGEOIS Bertrand, Le Vocabulaire de Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Paris, Ellipses GANDT Marie, Hegel romantique : lectures de la littérature dans L'Esthétique in Fabula LHT (littérature, histoire, théorie), février 2006, doc. informatique. [...]
[...] Friedrich Hegel, Esthétique lecture de la deuxième partie, troisième section : De la forme romantique de l'art TABLE DES MATIERES INTRODUCTION L'ART À L'ÉPREUVE DE LA SUBJECTIVITÉ INFINIE LA RELIGION LA CHEVALERIE L'INDÉPENDANCE FORMELLE DANS LE CERCLE DE LA VIE RÉELLE DISSOLUTION DE L'ART ROMANTIQUE . CONCLUSION . BIBLIOGRAPHIE INTRODUCTION Hegel se propose de construire un système complet du savoir, à l'intérieur duquel les fragments ne sont jamais isolés, mais dialoguent avec le tout. Ainsi, la section consacrée à l'art romantique constitue le troisième et dernier grand moment du développement de l'art, c'est-à-dire de la représentation sensible de l'absolu. [...]
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