Dans ce texte, Freud remet en question la thèse que partagent certains philosophes, à savoir la nécessité pour l'homme de vivre dans la croyance et l'illusion religieuse.
Il s'interroge sur l'origine de ce besoin qu'il place alors dans l'infantilisme rendu responsable, par là même, des névroses humaines. Selon lui, le face à face avec la réalité serait alors le seul moyen pour l'homme de sortir de cet état afin de gagner en maturité et en autonomie.
Son ouvrage viserait alors à justifier la pratique d'une forme d'éducation qui aurait pour but ultime de permettre cette émancipation.
Tout partirait de l'enfance, le moment où l'individu est dans son propre monde, au centre de toutes les attentions et de la protection de ses ainés. Cette affection qu'ils lui portent, qui l'accompagne dans son développement émotionnel de sa venue au monde jusqu'à son envol vers la "vraie vie" d'adulte, l'homme élevé par des croyants va la retrouver, une fois détaché du foyer familial "où il se sentait si bien et où il avait si chaud", dans la religion. La religion ne serait alors pour Freud qu'un substitut d'affection parentale. Il donne à ce prolongement de l'enfance le nom d'infantilisme. L'humain qui connait cet état est coupé de la réalité, maintenu artificiellement dans l'innocence qu'il a connu auparavant. Il a l'impression d'être toujours protégé, guidé par un être supérieur dans tous ses faits et gestes. Sa vision du monde qui l'entoure n'évolue pas comme elle le devrait. En effet, le voile dont ses parents l'avaient recouvert lorsqu'il était petit, et qui ne lui laissait entrevoir que des facettes sélectionnées d'une réalité adoucie, a laissé place à celui imposé aux yeux par l'illusion religieuse. Illusion d'un monde qui serait sans danger, privé d'inconnu et dont la compréhension serait rendue aisée par les explications divines, insaisissables de dogmes présentés comme universels, dans le sens où ils seraient applicables à n'importe quel problème auquel l'individu se trouverait confronté. Cette illusion dont parle le philosophe rejoint le fait que le prolongement d'un tel état d'esprit ne soit qu'artifice. Un individu qui aurait un tel décalage avec le milieu dans lequel il évolue ne pourrait pas y subsister bien longtemps sans rencontrer d'obstacles - sinon matériels, du moins internes - à son pas aérien (...)
[...] Cette entrée dans le monde suppose de se retrouver face à une réalité à laquelle l'homme maintenu dans l'enfance au travers de l'illusion religieuse n'est pas adapté. Si personne ne lui en a donné les clés, qu'il n'a jamais eu l'occasion de prendre ses marques et de peser les difficultés du monde extérieur, s'il a toujours cru être dirigé dans tous ses faits et gestes par la providence, il ne saura pas, ou croira ne pas savoir s'autogérer. La religion fabrique donc des hommes inadaptés, hors du monde et de sa complexité. [...]
[...] C'est sous le nom de névroses que nous apparaissent ces obstacles dans le texte soumis à notre explication. Une névrose est un retard affectif, c'est-à-dire un décalage entre l'âge physique, naturel ou réel de l'individu et le stade de son évolution affective qu'il a atteint. Ce retard n'est pas généralisé et c'est entre autres pour cela qu'il n'est pas considéré comme pathologique. Il ne se manifeste que dans certains domaines de la vie affective et se traduit alors par des angoisses et des peurs irrationnelles que l'individu touché ne sait expliquer. [...]
[...] Ainsi, chaque vie affective a ses propres travers et des facettes diverses qui font son individualité. D'où le fait que le besoin affectif de croyance religieuse ne soit pas présent chez tous les hommes, mais dépende bien de l'éducation qu'ils ont reçue. Celle que vise à défendre l'étude réalisée par Freud a pour but de forger des adultes capables d'affronter, avec leurs ressources propres et à l'aide de leurs propres armes, la cruelle réalité du monde, et de leur permettre de le voir tel qu'il est et non tel qu'ils voudraient qu'il soit. [...]
[...] Ces inquiétudes excessives se matérialisent souvent par des maux n'apparaissant que dans la ou les situations faisant l'objet d'une crainte, parfois même jusqu'à rendre malade la personne concernée. Ces symptômes dont l'homme perçoit la cause sans en connaître le fondement sont à l'origine d'un mal être physique venant s'ajouter au mal être psychologique qui les instigue. Oui, cela est vrai de l'homme à qui vous avez instillé dès l'enfance le [ ] poison. Mais de l'autre, qui a été élevé dans la société ? Dans le domaine des croyances comme ailleurs, tout est question d'habitudes. [...]
[...] En effet, le voile dont ses parents l'avaient recouvert lorsqu'il était petit, et qui ne lui laissait entrevoir que des facettes sélectionnées d'une réalité adoucie, a laissé place à celui imposé aux yeux par l'illusion religieuse. Illusion d'un monde qui serait sans danger, privé d'inconnu et dont la compréhension serait rendue aisée par les explications divines, insaisissables de dogmes présentés comme universels, dans le sens où ils seraient applicables à n'importe quel problème auquel l'individu se trouverait confronté. Cette illusion dont parle le philosophe rejoint le fait que le prolongement d'un tel état d'esprit ne soit qu'artifice. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture