Kant affirme qu'une obligation morale doit être respectée, indépendamment des conséquences de l'acte. L'argumentation qu'il développe dans la Fondation de la métaphysique des mœurs pour en arriver à cette conclusion prend la forme suivante : il en pose les prémisses dans sa Préface; il isole de la connaissance rationnelle commune de la moralité le principe de la philosophie morale populaire dans la Première section; et il expose la capacité pratique de la raison dans la Deuxième section. Dans un premier temps, cette argumentation sera exposée et détaillée; elle sera évaluée et critiquée dans un second temps.
Dans la Préface de sa Fondation de la métaphysique des mœurs, Kant situe son objet de recherche – le principe ultime de la moralité – dans l'ensemble de la connaissance philosophique. Ce faisant, il pose les prémisses de l'argument qu'il développera dans les deux premières sections de sa Fondation qui le mèneront de la connaissance rationnelle commune de la moralité, à la philosophie morale populaire, à la métaphysique des mœurs proprement dite.
[...] La seconde proposition est que la valeur morale d'une action dépend du principe du vouloir, de la maxime d'après laquelle elle est décidée, et non du but qui doit être atteint ou de la réalité de l'objet de l'action.[11] De ces deux propositions découle une troisième : le devoir est la nécessité d'agir par respect pour la loi.[12] Kant supporte cette proposition en distinguant l'inclination que l'on peut éprouver pour l'objet envisagé comme effet de l'action du respect, dont ne peut être l'objet que ce qui est lié à la volonté comme principe. Puisque, selon Kant, seule la représentation de la loi en elle-même peut constituer le bien moral d'où la loi peut-elle tirer ce bien? [...]
[...] En effet, l'impératif catégorique ne contient que la loi, parfaitement inconditionnée, et l'universalité d'une loi en général, à laquelle la maxime de l'action doit être conforme[19] La formule de l'unique impératif catégorique est : Agis seulement d'après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle.[20] Ce principe, qui est celui de tous les impératifs du devoir est le principe ultime de la moralité qui fonde la métaphysique des mœurs. Il est évident que les conclusions de Kant découlent ultimement des prémisses de son raisonnement. Dès lors qu'il pose dans sa Préface que le principe suprême de la moralité est le fondement de la métaphysique des mœurs, et que cette métaphysique doit exclure toute composante empirique, il est clair que Kant ne pourra accorder de valeur morale aux conséquences de l'action. À mon avis, les arguments de Kant sont opérationnellement valides. [...]
[...] L'impératif de la prudence ne diffère de celui de l'habileté que dans la mesure où le bonheur qu'il recherche est un idéal qui repose uniquement sur des principes empiriques ce qui en fait une proposition analytico- pratique D'ailleurs, cette recherche qui vise à satisfaire toutes nos inclinations ne pourra qu'échouer puisque ces inclinations sont contradictoires. Parce que les impératifs de la prudence ne pourront être universalisés en loi pratique, ils ne pourront plus, dès lors, commander. Quant à l'impératif catégorique, il est impossible de l'observer dans l'expérience. [...]
[...] Pour un être fini, dont la volonté n'est pas parfaitement déterminée par la raison, les actions objectivement nécessaires peuvent différer des actions subjectivement nécessaires. Chez un tel être, la représentation d'un principe objectif en tant qu'il est contraignant pour une volonté, se nomme un commandement; sa formule, un impératif. Kant distingue les impératifs qui commandent de façon hypothétique de ceux qui commandent de façon catégorique. Les deux types d'impératifs représentent la nécessité d'une action : dans le premier cas, cette action est le moyen d'atteindre une fin, dans le deuxième, cette action est bonne en soi, objectivement nécessaire appartenant nécessairement à une volonté intimement conforme à la raison Un impératif catégorique serait donc le principe d'une volonté conforme à la raison. [...]
[...] Ce n'est donc qu'en arrivant à cette métaphysique que Kant pourra démontrer la valeur morale de l'obligation qu'il vient d'affirmer. Mais avant de parvenir à la fondation de la métaphysique des mœurs ce principe suprême de la moralité qui donne à l'obligation morale sa valeur et que Kant dégage de la philosophie morale populaire il faut d'abord isoler de la connaissance rationnelle commune de la moralité cette philosophie populaire. Kant soutient que rien ne peut sans restriction être tenu pour bon, à l'exception d'une volonté bonne.[6] Il justifie cette assertion en affirmant que les talents de l'esprit, les propriétés du tempérament, les dons de la fortune et la modération sont tous souhaitables mais à condition que la volonté qui en use soit bonne, tandis que la volonté bonne est bonne en soi, sans considération pour son efficacité ou son utilité[7]. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture