La préface, les Fondements kantiens s'ouvrent sur ces mots : « De tout ce qu'il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n'est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n'est seulement une BONNE VOLONTÉ. » Début fracassant pour une œuvre qui ne se veut réformatrice que dans l'ordre de l'explication de la morale, et dont la première phrase consiste à lancer apparemment à l'aventure ce souverain bien d'un type nouveau ; mais rien n'est moins hasardeux en réalité que ce concept de ''bonne volonté'', qui constitue le cœur même du troisième paragraphe de cette première section de l'ouvrage.
Car il est clair que ce concept est la condition nécessaire du fondement des Fondements : morale de l'intention que celle de Kant, qui ne pouvait trouver meilleure base que l'idée d'une autonomie de la volonté – appuyée précisément sur cette volonté bonne en soi.
[...] Que même la bonne volonté, si bonne soit-elle, ne puisse rien dans l'ordre pratique, voilà une hypothèse qui ne lui ôterait pas un iota de sa valeur. C'est cette idée surtout qui découle nécessairement de l'axiome d'une bonne volonté déterminée par le seul vouloir, représentant la fin unique de la raison, et sur laquelle reposera chaque nouveau concept introduit dans les Fondements que Kant s'attache à démontrer ici. Si la question générale à laquelle ce texte répond pourrait être, en somme : ''Qu'est-ce que la bonne volonté (avec pour corollaires : ''Quels sont ses rapports avec l'inclination et : valeur est-elle déterminée par son utilité le fond du problème et le plus délicat pour Kant reste, comme nous l'avons déjà signalé, de montrer la solidité conceptuelle de sa ''bonne volonté'', qui doit assurer le fondement même de la ''Morale'' dont Schopenhauer dira d'ailleurs, cinquante-six ans plus tard : Quand on songe à ces deux mille années et plus, consumées en efforts inutiles pour établir la morale sur de sûres assises . [...]
[...] Là encore, si Kant va vite en besogne, c'est que la logique propre des mots lui ouvre grand le chemin . Mais l'on peut s'attarder un instant sur ce ''bien supérieure'' : d'un point de vue moral, en effet, l'inclination ne vaut en fait proprement rien, car l'action morale suppose la bonne volonté seule, non l'inclination. On pourrait donc penser que Kant aurait dû, pour pousser jusqu'au bout sa logique, écrire que l'inclination ne peut avoir aucune part ni à la bonne volonté (déterminée seulement par elle-même), ni donc à la moralité même, qui repose sur la seule bonne volonté. [...]
[...] On comprend sa tranquillité dans la réfutation anticipée de cette objection il y a presque une forme de nonchalance dans ce et même, si l'on veut ( . ) la somme de toutes les inclinations : c'est en fait d'un revers de main presque accessoire que la bonne volonté balaie toutes les inclinations réunies pour s'opposer à elle. Et c'est bien compréhensible : Kant a beau être prêt à accorder tout le pouvoir possible aux inclinations, elles sont fondamentalement incapables de rivaliser avec la bonne volonté ; leurs points d'appui conceptuels respectifs ne sont pas les mêmes. [...]
[...] Hors la préface, les Fondements kantiens s'ouvrent sur ces mots : De tout ce qu'il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n'est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n'est seulement une BONNE VOLONTÉ. Début fracassant pour une œuvre qui ne se veut réformatrice que dans l'ordre de l'explication de la morale, et dont la première phrase consiste à lancer apparemment à l'aventure ce souverain bien d'un type nouveau ; mais rien n'est moins hasardeux en réalité que ce concept de ''bonne volonté'', qui constitue le cœur même du troisième paragraphe de cette première section de l'ouvrage. [...]
[...] * * * Pourquoi reformuler obscurément ce que d'autres ont déjà dit de façon limpide ? Victor Delbos a résumé la théorie kantienne de la bonne volonté en quelques mots d'une grande clarté : La bonne volonté est la condition nécessaire et suffisante de la valeur morale écrit-il autre manière de dire, comme nous l'avons vu tout au long du texte, que la bonne volonté est le fondement conceptuel sur lequel tout le système moral kantien s'appuiera dans la suite du texte à commencer par le concept de devoir, si cher au vieil Allemand, puis à ceux d'impératif catégorique et surtout d'autonomie de la volonté (qui va jusqu'à refonder la liberté humaine, entendue comme ''faculté de se donner à soi-même sa propre loi''). [...]
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