La Fin des biens et des maux, Cicéron, pensée stoïcienne, bien moral, liberté, pensée de sens commun, hédonisme, actions immorales, préjugés, telos, katekon, oikeiosis, sagesse, jugement de valeur, Antiquité romaine, philosophie, commentaire de texte
Dans cet extrait tiré de "La Fin des biens et des maux", Cicéron met en avant un paradoxe de la philosophie stoïcienne qui est le suivant : dans une vie, il ne faut pas préférer ce qui est préférable, les choses préférables et non préférables étant à envisager comme neutres, mais plutôt préférer ce qu'on ne tend pas à préférer spontanément, à savoir le bien moral. Cette transposition apparaît au prime abord comme contradictoire, voire incohérente ; en effet, comment pouvons-nous ne pas préférer ce que nous tendons à préférer de manière spontanée et à porter de l'indifférence vis-à-vis des choses que nous rejetons ? Il existe une tension entre ce que nous préférons en fait et ce que nous devons préférer en droit (c'est le bien moral dont il s'agit ici). Ce positionnement philosophique stoïcien a de quoi surprendre la pensée de sens commun.
[...] À partir de ces considérations, des distinctions vont s'imposer entre les choses préférables, non préférables selon qu'elles sont estimables, les autres pas du tout, les autres encore neutres. Nous verrons que cette conception pose un certain nombre de problèmes. Enfin, dans un troisième moment du texte, il s'agira de confronter puis peut-être d'envisager une conciliation entre les distinctions établies par le sens commun à propos des choses préférables et les distinctions prônées par la philosophie stoïcienne. I. La dimension théorico-pratique et intégrative de la philosophie stoïcienne Il est important de noter dans un premier temps la dimension à la fois théorico-pratique et intégrative de la philosophie stoïcienne. [...]
[...] Même si celle-ci peut être mise à distance, elle ne pourra pas nous être indifférente dans la mesure où nous sommes affectés par elle et affirmer qu'elle ne nous produit aucun effet serait un mensonge. D'une part, je serais moins malheureux si je m'efforce de considérer les choses d'une valeur moyenne comme indifférentes et si je parviens à ne plus être affecté par elles, je serai moins sujet aux troubles. La difficulté se situe en revanche dans la mise en pratique : cette manière très exigeante de vivre nécessite la mise en œuvre d'une grande discipline. [...]
[...] L'indifférence va consister, au-delà de s'abstenir de porter un quelconque jugement de valeur sur les choses qui ne dépendent pas de nous, et d'apprendre à distinguer les choses qui dépendent et qui ne dépendent pas de nous, à s'en tenir à distance et à y donner son assentiment. Quoi qu'il arrive, le sage doit être heureux. Les choses qui ne dépendent pas de nous sont notre corps, la richesse, la célébrité, le pouvoir et celles-ci doivent être appréhendées comme si elles appartenaient à quelqu'un d'autre, détachées de notre propre moi. [...]
[...] La philosophie des stoïciens est également intégrative au sens où s'opère à l'intérieur de son système une connexion entre l'éthique, l'ordre du cosmos et le bonheur. Comme le montre Cicéron, « si nous disions qu'elles [les choses] ne diffèrent en rien, ce serait jeter de la confusion dans la vie entière ». Les choses (c'est-à-dire les événements, les biens, les personnes, sensations physiques confondues) adviennent selon un certain ordre, ce qui suppose qu'elles ne se produisent pas de façon chaotique et hasardeuse et qu'en conséquence, il n'est pas vain de vouloir leur attribuer un sens. [...]
[...] La Fin des biens et des maux – Cicéron (45 av. J.-C.) – La pensée stoïcienne « [ . ] Nous expliquons ensuite la différence des choses ; car si nous disions qu'elles ne diffèrent en rien, ce serait jeter de la confusion dans la vie entière. Et quelle fonction, quelle utilité trouver à la sagesse, dès lors que s'effacerait toute distinction entre les choses touchant à la conduite de la vie et qu'elles n'impliqueraient plus aucun choix ? Aussi, après avoir suffisamment établi que ce qui est moral est le seul bien, ce qui est immoral, le seul mal, les stoïciens fixèrent une certaine différence entre les choses qui n'ont aucune valeur pour la vie heureuse ou malheureuse : les unes sont estimables, d'autres pas du tout, les autres sont neutres. [...]
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