Fever, roman publié en 2005, est l'histoire de deux adolescents, Pierre et Damien qui étudient la philosophie.
Ce roman s'ouvre sur l'accomplissement du meurtre d'une femme en plein centre de Paris, commis par ses deux camarades de classe selon la loi du hasard. L'originalité de ce roman tient au fait qu'il ne retrace pas l'enquête policière pour savoir qui a perpétré le crime, car nous le savons dès le début. En effet, il tente de répondre à la question : pourquoi ont-ils commis cet acte affreux ? Leslie Kaplan s'interroge sur la nature du crime et montre comment le passé et tous ses secrets peuvent être source de folie, de perte de repères. Elle tente de raconter comment la violence et le crime d'aujourd'hui peuvent remonter à l'extermination, au crime des bourreaux et par conséquent mettre en cause les grands-parents. En général, les thèmes récurrents dans son oeuvre sont le lien social, l'identité, le désir, la parole et la pensée.
[...] Intertextes littéraires 1. Hamlet À la fin de l'année scolaire, Pierre et Damien étudient cette pièce de Shakespeare au cours de philosophie et vont ensuite la voir au théâtre. Cette pièce nous permet de voir sous un angle différent le meurtre commis par les lycéens car nous pouvons établir différents parallèles entre ces deux histoires. Pour résumer en une phrase cette pièce : Hamlet, un soir au château de Danemark voit le spectre de son père condamné à errer un temps pour expier ses fautes. [...]
[...] (p.164) Les deux protagonistes ne comprennent pas la petitesse des actes face à l'immensité des conséquences. En effet, Maurice Papon ne poursuivait personne avec une hache à la main en la menaçant de la tuer mais il avait traversé la guerre et l'Occupation assis derrière son bureau [ ] un stylo à la main, signant et dictant des ordres à sa secrétaire derrière lesquels il se cachait et déléguait sa responsabilité (p.168). Ils ne comprenaient pas les agissements de ce haut fonctionnaire ni les bénéfices qu'il pouvait en tirer. [...]
[...] (p.174) Pierre et Damien passent de l'incompréhension à l'aliénation du monde qui les entoure, tous leurs repères d'autrefois sont source de méfiance comme à l'image de la tour Montparnasse : Avant je l'aimais, dit Damien. Quand je la voyais de loin, c'était un repère. Je savais que j'étais près de chez. [ ] Maintenant tout me parait louche, je me méfie (pp. 170-171). Mais le plus révoltant à leurs yeux c'est le long silence de la société française qui a pendant longtemps négligé les faits. Cette société française où, comme disait Damien, il y a un paradoxe à voir aujourd'hui les fils des victimes devenir les alliés objectifs des fils des bourreaux. [...]
[...] En fait, ils invoquent la loi du hasard pour se déresponsabiliser. En effet, nous constatons tout au long du déroulement de l'histoire que les protagonistes tentent de se déculpabiliser. D'une part, ils réduisent la victime à l'état de chose car comme le dit Damien : c'était une pute et point finale. (p.14) Or, nous apprenons quelques pages plus tard qu'il s'agissait d'une femme qui travaillait dans une banque et qui avait une certaine vie sociale. Ils diminuent également sa victime à une pensée abstraite, vie, rien dedans (p. [...]
[...] Mais peut-il se sentir réellement en dehors du monde, lui qui a suivi inconsciemment les traces de son grand-père ? Nous pouvons supposer que c'est une vraie prise de conscience de la part de Pierre et qu'il ne se reconnaît en le Pierre meurtrier. Nous pouvons également rapprocher la situation d'Yves Bagneux avec celle d'Hamlet. La pièce de Shakespeare se fonde avant tout sur la justification du meurtre de Claudius par Hamlet autrement le prince est placé devant l'obligation de venger la mort de son père ou d'un autre membre de la famille. [...]
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